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ÉTUDES
DE MŒURS ROMAINES
SOUS L’EMPIRE

les associations ouvrières et charitables
dans l’empire romain.



On est beaucoup trop porté à croire que toutes les questions qui nous préoccupent sont nées d’hier, et que les siècles précédens ne les ont pas connues ; l’histoire nous montre au contraire que les sociétés antiques ont à peu près rencontré devant elles les mêmes difficultés que la nôtre, et il n’est ni sans intérêt ni sans profit de chercher comment elles les ont résolues. On sait combien l’opinion publique est aujourd’hui émue des périls dont nous menace la puissance des associations ouvrières. Il nous semble, dans notre effroi, que c’est un danger nouveau, et qu’avant notre époque aucun état n’eut à se demander comment il pourrait durer ou même s’il pouvait vivre en laissant subsister dans son sein ces organisations redoutables. Ce problème est pourtant presque aussi ancien que le monde. Le besoin de se réunir, de se fortifier en s’associant, n’a pas commencé de nos jours ; il était au moins aussi grand dans l’antiquité qu’aujourd’hui, et parmi les peuples anciens les Romains sont peut-être celui qui l’a le plus vivement éprouvé. Leurs historiens font remonter la naissance des premières associations romaines jusqu’à l’origine même de la ville, ils nous disent que Numa, pour mêler ensemble les Latins et les Sabins qui persistaient à rester séparés, divisa tout le peuple en neuf corps de métiers. À côté