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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/639

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collèges funéraires? Ce qui est certain, c’est que, pour les funérailles des associés, c’est-à-dire pour ce qui était l’objet principal de l’association, on ne procédait pas toujours dans la seconde époque de la même façon que dans la première. Les collèges funéraires avaient alors une autre manière de pourvoir à la sépulture de leurs membres; c’est ce qui nous a été révélé par la découverte qu’on a faite, en 1816, de la loi du collège des adorateurs de Diane et d’Antinoüs.

Ce monument curieux a été trouvé dans les ruines de la petite ville de Lanuvium[1]; il avait été gravé en l’an 136, vers la fin du règne d’Hadrien. L’association à ce moment venait de naître; un magistrat de la ville, qu’elle avait nommé son protecteur et qui prenait ses fonctions au sérieux, voulut donner plus de publicité à son règlement, et le fit afficher sous le portique du temple d’Antinoüs. C’est ce règlement qui, par une heureuse chance, est arrivé jusqu’à nous. On peut prendre en l’étudiant une idée très exacte des collèges funéraires de cette époque. Celui-là devait être composé d’affranchis et de pauvres gens; il contenait aussi des esclaves, et probablement en grand nombre : la loi leur permettait de faire partie d’associations de ce genre, si leurs maîtres y consentaient. La société avait pour but de fournir à ses membres une sépulture convenable; son premier souci devait donc être de se créer des ressources pour suffire aux frais des funérailles. Chaque associé reçu dans le collège versait à titre de droit d’entrée la somme de 100 sesterces (20 fr.) et y joignait une bouteille de bon vin. Il donnait de plus, tant qu’il faisait partie de l’association, 5 as par mois (25 cent.). Ces sommes servaient à payer les dépenses ordinaires et à procurer aux associés de quoi se faire enterrer. Le collège de Diane et d’Antinoüs n’ensevelissait pas ses morts dans un monument commun; ces esclaves, ces affranchis, étaient trop misérables pour réunir l’argent nécessaire à la construction d’un columbarium. Ils s’y prenaient d’une manière plus simple : après la mort de chacun de ses membres, la société payait à celui qu’il avait institué son héritier une certaine somme pour lui acheter un tombeau. Cette somme, qu’on appelait funeraticium, devait varier suivant la richesse du collège; elle n’était que de 300 sesterces (60 francs) pour les adorateurs de Diane et d’Antinoüs, encore sur ces 300 sesterces en prélevait-on 50 qui devaient être distribuées auprès du bûcher à ceux des confrères qui assistaient aux funérailles et qui avaient voulu faire honneur au défunt par leur présence. Tous les cas

  1. On a déjà dit quelques mots dans la Revue de l’inscription de Lanuvium en parlant de la formation des premières associations chrétiennes et de la construction des catacombes (1er septembre 1865); mais le sujet que nous traitons exige qu’elle soit étudiée en détail.