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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/640

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étaient minutieusement prévus. Si le défunt n’avait institué aucun héritier, c’était le collège qui l’enterrait. Lorsqu’il était esclave et que son maître ou sa maîtresse par méchanceté refusait de livrer son corps à l’association pour qu’elle l’ensevelît, on ne lui faisait pas moins un semblant de funérailles, et on lui élevait sans doute un cénotaphe. Si l’associé était mort à une distance de Lanuvium qui ne dépassait pas 20 milles et qu’on eût pu le savoir à temps, trois membres du collège devaient partir aussitôt pour présider aux obsèques et en faire les frais. A leur retour, ils faisaient approuver leurs comptes par leurs collègues. S’ils avaient commis quelque malversation, on les punissait d’une amende du quadruple, sinon on leur attribuait à chacun comme frais de voyage une somme de 20 sesterces (4 francs). Quand le confrère était mort à une distance de plus de 20 milles, celui qui avait fourni l’argent pour l’enterrer devait faire attester le fait par sept citoyens romains, et, si les pièces étaient en règle, on lui payait le funeraticium auquel le défunt avait droit.

Telles sont dans la loi du collège de Diane et d’Antinoüs les dispositions qui ont rapport aux funérailles des collègues. On voit que les associations de ce temps ressemblaient assez aux nôtres, et qu’elles cherchaient leurs principales ressources dans les cotisations de leurs membres; on y voit aussi qu’il n’était pas facile d’obtenir que ces cotisations fussent régulièrement payées. Alors, comme aujourd’hui, ce qui manquait le plus aux associations, c’était l’esprit de suite et de persévérance. On est plein d’ardeur, on s’engage à tout et l’on paie sans hésitation dans les premiers mois; avec le temps, le sacrifice semble lourd, si minime qu’il soit, et l’on finit par s’y soustraire. Les adorateurs de Diane et d’Antinoüs le savent bien, et au début de leur loi ils sont fort préoccupés de ce danger qui menace leur association comme les autres. « Puisse notre entreprise, disent-ils en commençant, être favorable et propice pour l’empereur et sa famille, pour nous et les nôtres, pour ce collège que nous fondons ! Puissions-nous mettre une salutaire activité à réunir les sommes nécessaires pour ensevelir convenablement nos morts! Le moyen d’y parvenir, c’est de nous entendre et de payer avec régularité, afin que notre association puisse vivre longtemps.» Un peu plus loin, ils décrètent que, si un associé a négligé de s’acquitter pendant quelques mois de suite, la société ne lui doit rien après sa mort. Ce n’étaient pas des précautions inutiles; nous possédons précisément un exemple curieux d’un collège de ce genre qui périt par la négligence que mettaient les associés à payer leurs cotisations. Dans un des cantons les plus sauvages de l’ancienne Dacie, au fond de carrières abandonnées, on a trouvé des tablettes qui contiennent un document important dont nous allons