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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/641

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donner une traduction aussi exacte que le permet le latin barbare dans lequel il est écrit.

« Copie d’un acte qui fut affiché à Alburnum-le-Grand, auprès du bureau de Resculius, et sur lequel on lisait ce qui suit :

« Artémidore, esclave d’Apollonius, président du collège de Jupiter Cernénius, et avec lui Valérius, esclave de Nicon, et Offas, esclave de Ménofile, questeurs du même collège, faisons savoir au public par cet acte que des cinquante-quatre personnes qui formaient le collège dont on vient de parler, il n’en reste plus que dix-sept à Alburnum; que Julius, esclave de Julius, qui était président avec Artémidore, n’a pas mis le pied à Alburnum, ni paru dans le collège depuis le jour de son élection ; qu’Artémidore a rendu ses comptes aux membres présens, qu’il leur a prouvé qu’il a restitué tout l’argent qu’il avait à eux ou qu’il l’a dépensé pour les funérailles des collègues, qu’il a repris le cautionnement qu’on avait exigé de lui par sûreté, qu’en ce moment il n’y a plus d’argent dans la caisse pour payer les frais de sépulture et qu’on ne possède plus aucun tombeau; qu’enfin depuis longtemps personne n’a voulu se réunir aux jours fixés par la loi du collège, ni payer les cotisations ou présens exigés. C’est ce qu’on fait savoir au public par le présent acte, afin que, si l’un des associés vient à mourir; il ne s’imagine pas que le collège existe encore, et qu’il a droit à réclamer aucun argent[1]. Fait à Alburnum-le-Grand, le 5 des ides de février, sous le troisième consulat de L. Aurélius Vèrus et de Quadratus (167 après Jésus-Christ). »

La loi du collège de Diane et d’Antinoüs nous a montré de quelle manière ces sortes d’associations commencent ; l’affiche d’Artémidore nous apprend comment il leur arrivait souvent de finir.


III.

L’inscription de Lanuvium éclaire encore bien d’autres points restés obscurs dans la question des associations romaines. Les adorateurs de Diane et d’Antinoüs, pour bien établir qu’ils n’étaient pas un collège illicite, ont tenu à citer en tête de leur règlement le sénatus-consulte qui leur permet de s’associer; il y est dit « que ce droit est accordé à ceux qui veulent former des collèges funéraires à la condition qu’ils ne se réuniront qu’une fois par mois pour payer la contribution nécessaire à la sépulture de leurs morts[2]. » Cette

  1. La phrase d’Artémidore est assez naïve; je la traduis sans y rien changer.
  2. Voici le texte même de cette importante loi : Qui stipem menstruam conferre volent in funera, in it (id) collegium coeant, neque sub specie ejus collegi nisi semel in mense coeant conferendi causa unde defuncti sepeliantur. Les termes dont se sert Marcianus dans le Digeste sont à peu près les mêmes, seulement il oublie de dire que la permission n’est accordée qu’aux collèges funéraires.