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RECITS
DE L’HISTOIRE ROMAINE
AU CINQUIEME SIECLE

EUTYCHÈS ET LE CONCILE DU BRIGANDAGE.
LA QUESTION DES DEUX NATURES.


I.

La manie théologique qui était venue se loger dans le cerveau de Théodose II n’avait pas été plus heureuse à l’état, à la famille impériale, à lui-même, qu’à l’église, qu’elle agitait incessamment. Cette ombre de gloire militaire qui couronnait son règne au début s’était dissipée pour ne plus reparaîtra, quoique les généraux vainqueurs des Perses en 422 fussent encore debout pour la plupart, ou remplacés par d’autres qui les valaient. Il en était de même de cette réputation de sagesse que le fils d’Arcadius s’était acquise sous la tutelle d’Anthémius et de Pulchérie : tous les abus qu’il combattait alors, les pillages, les vols, les injustices, avaient repris faveur sous la domination des chambellans. L’honneur et la sûreté de l’empire au dehors, le bien-être des peuples au dedans, n’étaient plus la principale préoccupation du prince et de son gouvernement. Toutes les forces vives de l’état se consumaient en luttes religieuses, et tandis que l’empereur passait son temps à composer des symboles avec ses eunuques, à ourdir des intrigues ecclésiastiques avec les évêques, à régler, casser, confirmer des synodes, à déposer ou proscrire des prêtres ou des moines, l’or avait