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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/864

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LES PROGRÈS
DE L’ENSEIGNEMENT
AUX ETATS-UNIS

Un peuple qui a subi des revers et qui veut s’en relever doit songer avant tout à augmenter ses lumières, car un échec a toujours pour cause immédiate ou éloignée un manque de connaissances ou un défaut de discernement. Celui qui connaît les autres et lui-même ne s’expose pas à courir aux abîmes par une erreur de calcul. C’est par la science et la réflexion que l’homme arrive à la richesse et à la puissance en domptant la nature; c’est de la même façon que les peuples prennent ou reprennent la place qui leur revient dans le monde. Ces vérités sont banales aujourd’hui, on les répète partout; combien pourtant est encore restreint le nombre des chefs d’état qui agissent en conséquence! En France, les divers gouvernemens qui s’y sont succédé n’ont presque jamais rien fait pour l’enseignement, sauf des enquêtes et des rapports. C’est en vain que sous le dernier règne un ministre ardemment dévoué à ce grand intérêt réclamait de trop pauvres subsides : il obtenait à peine quelques milliers de francs. Pour doter les communes des bâtimens d’écoles les plus indispensables, les inspecteurs déclaraient qu’il fallait 200 millions; on votait des allocations à peine suffisantes pour que les travaux fussent terminés au bout d’un siècle. On prodiguait les millions et même les milliards pour convertir les grandes villes en gigantesques alignemens de palais uniformément somptueux, sans songer à toutes les misères que ces splendeurs artificielles causaient dans les campagnes, à tous les sentimens d’envie et de haine qu’elles répandaient dans les âmes. Éclairer le suffrage universel, afin qu’il se prononçât pour la liberté ordonnée et