non pas ici pour les idées rétrogrades, là pour les idées révolutionnaires, tel eût dû être le principal souci de tous ceux qui aimaient leur pays. Le péril était immense, imminent, plus redoutable au dedans qu’au dehors. On ne le vit pas, ou du moins on agit comme si on ne le voyait pas. C’est une grande faute qu’il faut réparer aujourd’hui avec beaucoup d’autres.
Certains pays ont bien compris que, pour se relever d’une défaite, le meilleur moyen est de développer l’instruction. Marie-Thérèse, après avoir perdu la Silésie, s’appliqua d’abord à réorganiser l’enseignement dans toutes les provinces de l’empire. C’est en 1774 que paraît le fameux règlement général des écoles (allgemeîne Schulordnung) qui, inspiré par Felbiger, répandit l’instruction dans le peuple. En Prusse, après les ravages de la guerre de trente ans, le grand-électeur s’occupe de faire rebâtir les écoles. En 1763, au sortir de la guerre de sept ans, Frédéric II édicté le « règlement général » (General-Landschul reglement) qui est encore aujourd’hui l’acte constitutionnel de l’enseignement primaire en Prusse. En 1765, pour assimiler la Silésie, il y fonde d’un seul coup sept écoles normales. Après Iéna, les ministres clairvoyans à qui furent confiées les destinées de la Prusse, presque rayée alors de la carte de l’Europe, comprirent que c’était en fortifiant l’âme et l’esprit de la nation qu’on pouvait la sauver. « Nous sommes partis de l’idée, disait Stein, qu’il fallait inspirer à la nation entière un esprit de moralité, de religion et de patriotisme. » — « Nous avons dû céder une partie de notre territoire, disait le roi ; l’état a perdu sa force et son éclat extérieurs. C’est un motif pour développer notre force et notre gloire intellectuelles. À cet effet, je veux qu’on fasse tout pour étendre et perfectionner l’enseignement du peuple. » La reine Louise se dévouait à la réalisation de cette idée, d’où dérivent tous les efforts faits depuis pour le progrès de la science et de l’enseignement. Guillaume de Humboldt fut mis à la tête du département de l’instruction publique. Des instituteurs d’élite furent envoyés en Suisse pour y étudier les méthodes nouvelles de Pestalozzi. Malgré la détresse des finances, on fonda un grand nombre d’écoles normales. Cette réorganisation radicale, d’où est sortie la Prusse contemporaine, s’accomplissait silencieusement, tandis que les armées de Napoléon occupaient le pays.
Aux États-Unis, le peuple a suivi l’exemple des souverains et des hommes d’état prussiens. Pendant que la guerre civile moissonnait la fleur de la nation, ruinant les finances, l’industrie et le commerce, les citoyens consacraient leurs dernières ressources à augmenter le budget de l’instruction publique. « Obligée de mettre en œuvre toutes ses forces pour défendre ses droits les plus sacrés et