Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forces françaises dans les premiers jours de novembre l’avait un peu trompé. Ce n’est que le 8 qu’il commençait à être sérieusement éclairé par ses reconnaissances du côté de Beaugency, et alors, laissant à peine quelques troupes à Orléans, il allait dans la nuit prendre position avec tout son corps à l’ouest de la ville, autour de Coulmiers. De son côté, le quartier-général de Versailles donnait le même soir à la 22e division d’infanterie et à une division de cavalerie l’ordre de se rapprocher dès le lendemain des Bavarois. Qu’allait faire maintenant l’armée française, cette armée de la Loire, composée de deux divisions du 15e corps et du 16e corps, qui venait d’être mis sous les ordres du général Chanzy ?

Le terrain d’opérations qu’elle avait devant elle figure assez bien une sorte de quadrilatère irrégulier qui aurait à ses quatre angles Blois, Orléans, Châteaudun et Vendôme ; les deux côtés à l’est et à l’ouest seraient la Loire et le Loir, le côté du nord serait la route d’Orléans à Châteaudun, le côté du sud la route de Blois à Vendôme. Vers le centre est la forêt de Marchenoir. Jusqu’au 7 novembre, les divisions françaises campées en avant de Blois n’avaient pas dépassé une ligne touchant par la droite à la petite ville de Mer sur la Loire et s’étendait en arrière de la forêt de Marchenoir. Ce mouvement du 8 qui avait frappé le général von der Tann était décidément la marche offensive dont le général d’Aurelle avait donné le signal, qui portait notre armée au-delà de Beaugency et au-delà de la forêt de Marchenoir. Le général d’Aurelle s’avançait résolument et prudemment, protégeant l’extrémité de sa ligne à gauche avec la cavalerie du général Reyau et du général Ressayre, se servant sur l’autre rive de la Loire d’un hardi partisan vendéen, Cathelineau, qui allait devancer tout le monde à Orléans, et de quelques milliers d’hommes qu’on avait réunis à Salbris pour garder la route de la Sologne. D’un autre côté enfin, le général Martin des Pallières, qui avait un des premiers rôles dans l’opération, qui avait été laissé en face de Gien, à Argent, pour passer la Loire et se replier sur Orléans, Martin des Pallières avait été prévenu. Seulement il lui fallait quatre jours, trois au moins s’il n’avait pas à combattre en route ; il ne pouvait arriver en ligne que le 11 ou le 10 au soir tout au plus, et c’était une question de savoir si les deux attaques se combineraient bien exactement, si la lutte ne serait pas précipitée à l’ouest par le mouvement même du général von der Tann sur Coulmiers.

Dans quelles conditions se trouvait-on en effet dès la nuit du 8 au 9 ? On se trouvait absolument en présence, les Bavarois à Baccon, à Coulmiers, à Épieds, à Champs, à Saint-Sigismond, les Français en face, à Gravant, à Ouzouer-le-Marché, à Prenouvellon. On ne pouvait