une division par un simple colonel faute de généraux. Chanzy en un mot était résolu à ne céder le terrain qu’à la dernière extrémité. Même après la perte de Beaugency, il ne reculait qu’à une courte distance, établissant l’aile droite de son armée au vallon de Tavers, le long de la Loire, rectifiant la disposition de ses troupes sur le reste de la ligne, et se tenant prêt à repousser toute attaque. Le 9 décembre, on se battait de nouveau ; le 10, on se battait encore. Du matin au soir, on était aux prises sans qu’il y eût un désavantage sensible pour les Français. L’aile droite de notre armée se maintenait à Tavers malgré le plus violent assaut, et au centre ou sur la gauche les divisions du 17e et du 21e corps trouvaient encore le moyen de tenter des retours offensifs sur le village d’Origny, qu’on reprenait, ou à travers les débouchés de la forêt de Marchenoir. On était au quatrième jour de cette lutte nouvelle, — sans parler des combats d’Orléans, — et l’ennemi pendant ces quatre jours avait perdu plus de 4,000 hommes. Les Allemands commençaient à être stupéfaits de cette résistance, qu’ils avaient si peu prévue. Un correspondant anglais, qui était dans leur camp, reproduisait assez naïvement cette impression en prétendant que c’était fort singulier, que les Français reparaissaient toujours plus nombreux, qu’ils s’entendaient à choisir leurs positions et qu’ils avaient un général qui savait les défendre. « Ils ont maintenant combattu pendant huit jours sur dix, ajoutait-il, et des troupes de nouvelle formation qui peuvent accomplir cela contre des vétérans sans être défaites le dixième jour ont tout droit d’espérer que la chance tourne en leur faveur. »
Le général Chanzy, malgré tous les contre-temps, avait accompli ce tour de force d’arrêter brusquement une armée victorieuse, de se hérisser de feux et de baïonnettes dans un mouvement qui était après tout une retraite. M. de Freycinet ne manque pas d’opposer Chanzy à d’Aurelle, en essayant de montrer, par la résistance de la deuxième armée de la Loire, ce qu’aurait pu faire la première armée réunie aux derniers jours de novembre autour d’Orléans. D’abord le général Chanzy agissait beaucoup de lui-même, sans attendre les inspirations de Tours ; le gouvernement n’avait pas eu le temps de lui tracer des plans d’opérations, et c’était fort heureux, puisque la seule fois où le cabinet militaire de Tours se mêlait des affaires de l’armée, c’était pour les compromettre, comme à Beaugency. En outre le commandant de la deuxième armée, habile à choisir ses positions, se bornait à se défendre, et se défendait avec une surprenante vigueur. Cette courte campagne sur la ligne de la Loire à Marchenoir montre effectivement d’une certaine manière ce qui aurait pu être fait à Orléans, si, au lieu de jeter les généraux