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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/635

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les collections de Gaignières avaient fourni les premiers élémens et qu’avaient successivement augmentée plusieurs milliers d’autres pièces provenant de l’abbaye de Saint-Victor, des cabinets des deux de Cotte, de l’abbé de Tersan[1], de M. Morel de Vindé, un fonds immense de documens dessinés ou gravés sur les édifices, les villes, les plus humbles hameaux même de la France, était resté presque sans emploi, faute d’avoir reçu un classement rigoureux et une place fixe dans une suite reliée en volumes. Isolées les unes des autres, renfermées, au moment de leur entrée à la Bibliothèque, dans des portefeuilles où le format du papier était à peu près le seul principe de classification, ces diverses collections topographiques, au lieu de former, comme la collection sur l’Histoire de France, un ensemble méthodiquement divisé, ne présentaient guère qu’un amas confus de pièces tantôt doubles, tantôt rapprochées au hasard, en tout cas qu’un certain nombre de séries nécessairement aussi incomplètes chacune que matériellement indépendantes les unes des autres.

On entreprit de réunir tous ces fragmens, de combiner tous ces matériaux, de fondre enfin dans une seule suite et de répartir, conformément aux divisions du territoire, tout ce qui pouvait fournir un l’enseignement sur chaque point ou chaque monument de la France. Les pièces concernant un département ou une ville, distribuées en autant de groupes que ce département compte de cantons et cette ville d’arrondissemens ou de quartiers, trouvèrent ainsi leur place invariable, et se succédèrent dans un ordre logique. À force de recherches patientes et de scrupuleuses comparaisons, on réussit à rétablir l’exacte signification d’une multitude de plans anonymes ; on restitua tel tombeau, maintenant conservé dans un musée, à l’église ou au cloître qui le possédait autrefois, on rapprocha l’image de tel château qui n’existe plus de la vue du paysage au milieu duquel il s’élevait ou des ruines dont sa chute a jonché le sol. En un mot, ce qui relève de l’art aux différentes époques, comme ce qui tient à la configuration naturelle des lieux, est représenté dans cette collection intitulée Topographie de la France, sur le modèle de laquelle on a constitué au département des estampes la topographie des autres pays : collection si riche qu’elle ne remplit pas moins de 350 volumes in-folio et de 50 grands portefeuilles[2],

  1. La collection topographique acquise pour le département des estampes après la mort de l’abbé de Tersan avait originairement appartenu à un amateur nommé Fouquet. De là l’estampille formée des quatre premières lettres de ce nom qui distingue les pièces de la collection dans les divers recueils où elles ont été réparties, — pièces que, par une fausse interprétation de la marque dont elles sont revêtues, on a supposées sorties de la bibliothèque du célèbre surintendant des finances.
  2. Les pièces sur Paris à elles seules remplissent 72 volumes et 21 portefeuilles.