vrage sur la Grandeur et la figure de la terre, proposait une brasse qui serait la dix millionième partie du rayon terrestre. Fontenelle, de son côté, avait dit : « Quiconque réglera un pendule à secondes sur le mouvement moyen du soleil retrouvera la même longueur, » et La Condamine proposait de prendre pour mesure fondamentale la longueur du pendule battant la seconde sous l’équateur ; nous avons vu que cette longueur est de 0m,991, par conséquent plus courte que le mètre actuel de 9 millimètres seulement. La commission nommée par la constituante, voulant rattacher directement le mètre aux dimensions du globe terrestre, jugea nécessaire de déterminer la méridienne de Dunkerque à Barcelone. Méchain fut chargé de la partie méridionale de l’arc à mesurer entre Rodez et Barcelone ; Delambre se réserva la partie comprise entre Rodez et Dunkerque. Cette grande entreprise, menée à bonne fin dans l’espace de quelques années, excita l’admiration de tous les juges compétens. Méchain paya de sa vie son dévoûment à la science ; il succomba aux suites des fatigues qu’il avait endurées ; mais son œuvre ne resta pas inachevée. Comme sur un champ de bataille où un soldat qui tombe est immédiatement remplacé par d’autres qui continuent la lutte, Biot et Arago reprirent l’œuvre de Méchain et prolongèrent la triangulation jusqu’à l’île de Formentera, la plus méridionale des Baléares. Il faut lire dans les Souvenirs de ma jeunesse, de François Arago, le récit attachant des difficultés qu’ils eurent à surmonter pour rattacher les îles Baléares au continent, au moyen de trois triangles plus grands que tous ceux qui avaient été mesurés jusque-là ; le côté de l’un n’avait pas moins de 160 kilomètres de longueur.
Le système métrique repose sur l’arc français et sur celui qui a été mesuré au Pérou par Bouguer et La Condamine ; la combinaison de ces arcs donnait 1/334e pour l’aplatissement du globe, et pour la distance du pôle à l’équateur 5 130 740 toises, d’où l’on déduisit pour le mètre, rapporté à la toise du Pérou, 443 lignes plus 296 millièmes de ligne. Les mesures d’arcs du méridien exécutées depuis dans d’autres pays ont modifié la valeur de l’aplatissement du sphéroïde terrestre ; mais les relations du mètre avec les dimensions du globe n’en sont pas moins rigoureusement connues, elles réunissent toutes les conditions nécessaires pour établir le rapport entre cette unité de mesure et le quart du méridien terrestre. Bessel, qui jeta tant d’éclat sur l’observatoire de Kœnigsberg, a soumis cette question à un examen approfondi ; il conclut judicieusement que de nouvelles mesures modifieront incessamment nos connaissances sur les dimensions et la figure de la terre, et par conséquent sur la valeur absolue du mètre considéré comme étant la dix millionième partie de la distance du pôle à l’équateur ; mais