Et tu comptes le recevoir ?
Certainement.
Ah ! — Au fait, tu es veuve, toi, tu as des enfants…
Et je suis beaucoup moins jeune que toi ; dis-le, ça ne me fâche pas, bien au contraire ; quand on n’a rien à se reprocher à mon âge, on compte ses années avec plaisir.
Coquette de vertu, va !
Chère enfant, tu connaîtras ce plaisir-là, à la condition pourtant que tu ne mettras pas trop de curiosité dans ta vie.
Encore ? Je n’entends pas.
Si fait. Tu sais bien que la curiosité est un trouble de l’âme, une maladie ! La vertu, c’est le calme et la santé.
Très bien ! un sermon ?
Que veux-tu ? je vieillis !
Scène II
M. le marquis de Valroger fait demander si madame veut le recevoir.
Toujours ? vous n’avez donc pas dit que j’étais sortie ?
Je l’ai dit ; mais il a vu madame à la fenêtre, et, pensant qu’elle était rentrée…
L’impertinent ! Dites que je ne reçois pas.
Attendez… (Bas à Anna.) Reçois-le !
Ah ! tu vois ! c’est toi qui le veux ! (Au domestique.) Faites entrer. (Le domestique sort.)