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trop avancée. Durant les quatre semaines qui s’écoulèrent entre leur départ de Stornoway (11 août) et leur retour dans ce même port (6 septembre), ils n’eurent que neuf jours d’un temps assez favorable pour draguer en pleine mer, et quatre jours seulement ils se trouvèrent sur un fond de sable et de cailloux dont la profondeur excédait 500 brasses (914 mètres). Dans une seconde croisière, qui dura une semaine (du 14 au 21 septembre) et s’étendit à l’ouest vers le bassin, creux situé entre les Hébrides et le Rockball Bank, on ne put jeter la sonde et la drague qu’une seule fois à 650 brasses (1,189 mètres) de la surface. Ce court voyage était plutôt un essai qu’une expédition en règle ; mais c’était un essai heureux et qui promettait de grandes découvertes pour l’avenir. Des séries d’animaux sous-marins appartenant à des espèces inconnues ou qu’on croyait éteintes apparurent pour la première fois à la lumière. Ou est maintenant le moyen de douter que l’océan ne regorge de vie à toutes les profondeurs ? Les dragages dans les grandes eaux s’étaient accomplis sans beaucoup de difficultés et avec autant de succès que ceux qu’on pratique tous les jours sur les côtes. Il y avait. donc tout lieu d’espérer que de semblables travaux servis par de puissantes machines réussiraient également à des distances encore beaucoup plus considérables de la surface. On n’avait guère fait qu’égratigner le lit des mers, et déjà beaucoup d’anciennes erreurs s’étaient dissipées, de secrètes lois de la nature avaient été entrevues sous l’écume des vagues. L’hydrographie, la biologie, la géologie, étaient intéressées à ce que de semblables recherches se continuassent avec assez de suite et de méthode pour porter la lumière dans les vastes cavernes du monde aquatique.

L’année suivante (1869), la Société royale, encouragée par le succès de la première expédition, demanda au gouvernement anglais un autre vaisseau approprié à des recherches du même genre, qui s’étendraient du 15 mai à la mi-septembre. Comme le bâtiment ne devait jamais s’écarter à plus de 4 milles des terres, il serait toujours à même de se ravitailler dans le port le plus voisin. Les lords de l’amirauté mirent cette fois au service de la science un excellent navire à voiles et à vapeur, le Porc-Epic (Porcupine), dont l’équipement fut confié aux soins du capitaine Calver. Il était convenu que le docteur Carpenter recevrait du gouvernement une somme de 200 livres sterling (5,000 francs), et qu’il serait nourri durant le voyage ainsi que ses assistans aux frais de l’état. De son côté, la Société royale se chargeait de fournir les instrumens et les appareils scientifiques. De tels agens automatiques étaient destinés à signaler les degrés de température aux diverses distances entre le lit de l’océan et la surface, la nature des différens gaz en dissolution, la somme de matière organique et de sels contenus