ils établissent entre eux un courant continu de renseignemens, d’avertissemens, de lumières, on peut être certain que la politique de leur pays sera bien servie.
La citadelle de Navarin eût pu arrêter assez longtemps Ibrahim sous ses murs, si elle eût continué à recevoir des secours de la mer. Ibrahim réduisit cette place importante, comme au début de sa carrière le jeune Bonaparte avait réduit Toulon. Il commença par s’emparer de la rade. La baie de Navarin est un vaste bassin presque circulaire dont l’île de Sphactérie, longue de 2 milles 1/2 environ, large de 1/3 de mille à peine, forme un des côtés. La citadelle est bâtie sur la rive opposée, au pied du mont San-Nicolo, élevé de 470 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le chiffre de la garnison ne dépassait pas 1,200 hommes. L’île de Sphactérie était défendue par un millier d’hommes et par une douzaine de canons. Le 8 mai 1825, la flotte égyptienne appareillait de Modon et jetait sur la pointe méridionale de l’île, à peu de distance du goulet, un régiment de soldats réguliers et un détachement d’anciens Timariotes conduits par Hussein-Bey, le vainqueur de Caxos, L’autre extrémité de Sphactérie n’est séparée de la terre ferme que par un étroit passage qui peut aisément se traverser à gué. C’est vers ce bras de mer que s’enfuirent à la hâte les Rouméliotes, les klephtes, les artilleurs, pressés d’échapper au feu des frégates égyptiennes et à la poursuite des fantassins arabes. Plus d’un brave cependant se fit tuer à son poste. Là trouvèrent la mort l’héroïque commandant du brick le Mars, le capitaine hydriote Tsamados, et ce noble exilé piémontais le comte de Santa-Rosa, qui, après avoir été compromis dans le mouvement libéral de 1821, était venu au mois de décembre 1824 offrir ses services à la Grèce. Le révolutionnaire italien qui, au dire de ses meilleurs amis, eût siégé, si le sort l’eût fait naître Français, entre M. Royer-Collard et M. Lainé, le libre penseur qui regrettait si sincèrement de n’être « qu’un de ces pauvres philosophes pour lesquels le prolongement de l’existence n’est qu’un espoir, un désir ardent, une prière fervente, » ne s’était point senti appelé par ses principes politiques à prendre part aux agitations de la péninsule ibérique. Il ne put voir de sang-froid les Grecs abandonnés « à la vengeance des ennemis de la foi chrétienne. » À l’âge de quarante ans, laissant derrière lui une jeune femme, des enfans adorés, il se jeta en simple soldat dans les rangs les plus exposés des palikares. Son amour pour la Grèce avait, disait-il, quelque chose de sacré et de solennel. Ainsi que lord Byron, il se croyait tenu d’acquitter autant qu’il était en lui la dette contractée par l’esprit humain envers le berceau de tous les arts, envers la source de toute poésie et de toute civilisation. Le comte de