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enfin l’équilibre, s’il n’est pas déjà rétabli dans le budget, peut facilement l’être. La créance de la Banque est donc assurée et la valeur du billet indiscutable. La confiance qu’il inspire aussi bien que le changement dans les mœurs du pays ont produit à l’égard du cours forcé le même résultat que d’autres causes avaient amené en 1849. Existant encore officiellement, le cours forcé n’existe plus en fait, car jusqu’à ces derniers jours il n’y avait plus de prime sur l’or. A la suite des embarras financiers qui se sont déclarés en Allemagne, en Angleterre et surtout aux États-Unis, la prime sur l’or vient de reparaître, mais dans une très faible mesure, et sans doute l’effet cessera prochainement avec la cause. Une autre conséquence de ces crises s’est aussi manifestée ; de grosses demandes d’escompte ont dans les dernières semaines porté le chiffre de l’émission des billets à plus de 3 milliards, et l’on a demandé qu’une loi fixât le maximum à 3 milliards 500 millions plutôt que de voir surélever le taux de l’escompte, comme le conseil de la Banque a déjà cru devoir le faire afin de repousser des demandes d’escompte trop nombreuses.

Ces nouveaux besoins de la circulation fournissent un argument de plus à la thèse que nous soutenons du remboursement actuel de la dette de l’état à la Banque. A quoi servent en effet les 200 millions que le trésor lui verse, et dont pour 1873 il va payer la seconde moitié dans les trois derniers mois de l’exercice par à-comptes de 33 millions, sinon à accroître la somme des billets que le commerce réclame par la voie de l’escompte ? Si l’état pouvait s’acquitter plus vite, la circulation en profiterait ; mais, tout intéressans que soient les besoins, d’ailleurs si variables, de la circulation ; ils ne sont pas du même ordre que la nécessité de conserver intacte la valeur du billet. A défaut de l’abolition légale du cours forcé, dont le terme le plus éloigné ne peut dépasser le complet apurement des comptes de l’état envers la Banque, il est de toute nécessité que celui-ci s’acquitte annuellement, régulièrement, d’une manière irrévocable, parce que cette dette peut, dans certains cas, peser sur le crédit du billet. N’y a-t-il cependant qu’un mode de paiement ? A une autre époque, en 1857, lors du doublement de son capital, la Banque a pris des rentes 3 pour 100 à 75 francs, contre 100 millions versés à l’état. Ne pourrait-elle recevoir aujourd’hui une certaine quantité de 5 pour 100 contre une somme qui par exemple représenterait ses réserves extraordinaires et lui permettrait d’en disposer ? Qu’on substitue d’autres conditions de remboursement aux conditions actuelles, on peut en délibérer ; mais ayant tout il faut rembourser, et rendre la valeur du billet indiscutable. Nous ne sommes pas à l’abri de toute éventualité fâcheuse ; moins le crédit de la Banque sera solidaire de celui de l’état, plus elle sera en