Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/692

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les mêmes efforts ont eu lieu pour les industries qui appliquent les découvertes de la science. A cet égard, l’Allemagne montre de grandes prétentions qui sont justifiées par des titres réels. Il est sorti de ses laboratoires plus d’une découverte qui a fait son chemin dans le monde de l’industrie. C’était un motif pour compter avec elle; mais elle avait des prétentions plus grandes, elle entendait que sur ce point les autres nations lui fussent subordonnées. Aucun jury ne pouvait admettre cette forme de vasselage: il y eut donc partage de voix et en fin de compte distribution de récompenses non en raison des prétentions, mais des mérites; pour ménager les amours-propres, on ne fit point de classemens. Dans le groupe des travaux publics, la France avait à se prévaloir d’une exposition complète et des plus instructives qui avait été formée dans les bureaux du ministère; elle avait en outre à présenter une liste d’ingénieurs français, élite de nos écoles, qui avaient concouru à de grands travaux exécutés en Autriche, la traversée du Brenner par exemple, et plusieurs ponts sur le Danube; elle pouvait rappeler enfin que beaucoup d’ingénieurs autrichiens avaient fait ou achevé à Paris leurs études professionnelles. Ces titres formaient un total si important que la solution n’était pas douteuse; justice fut rendue à nos ingénieurs. Même issue pour nos constructeurs de machines. Les plus considérables faisaient pourtant défaut; point d’instrumens pour les industries textiles et à peine quelques machines de grandes proportions. Le Creuset, qui avait eu en 1867 une si brillante exposition, ne comptait guère, autant que j’ai pu m’en convaincre, qu’une énumération de ses forces productrices dans un tableau qui portait avec lui la plus grande des éloquences, celle des chiffres; Fives-Lille et Anzin occupaient plus d’espace et figuraient là pour l’art des mines autant que pour l’art des constructions en métal; aucune place ne pouvait être mieux remplie. Par ces types du moins, on a pu reconnaître à Vienne que nous ne sommes en arrière d’aucun grand peuple pour ces deux industries. Il n’y a pas plus de vingt ans de cela, nous ne produisions nous-mêmes qu’une partie des grands engins devenus familiers à nos établissemens, marteaux-pilons, laminoirs, cisailles à découper le fer, tout ce qui constitue les œuvres de grande forge : pour des portions ou pour l’ensemble, nous avions recours à l’Angleterre, qui en était le fournisseur le plus achalandé. Aujourd’hui cette fabrication nous est acquise, et à notre tour, nous sommes devenus pour beaucoup d’objets les fournisseurs de marchés étrangers. C’est le fruit d’un long perfectionnement et la meilleure preuve que nous nous sommes mis au niveau des plus vieilles renommées pour le choix des modèles et la bonne exécution des organes.