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diverses élections de chaque généralité et entre les diverses communautés de chaque élection avait été enlevé aux élus et attribué aux trésoriers de France. Au siècle suivant, les intendans s’en emparèrent ; ils furent seulement astreints à prendre l’avis de ces derniers, ainsi que des élus et des receveurs. » Le subdélégué, qui représentait l’intendant dans chaque élection, devait en cela comme partout prêter à celui-ci son concours. Quand on créa de nouveaux impôts, on affranchit même tout à fait l’intendant de la collaboration des juridictions fiscales ; il ne fut plus question pour la levée de ces deniers ni de trésoriers de France ni d’élus. C’est ce qui arriva pour la contribution appelée dixième, puis vingtième ; les rôles furent dressés par des contrôleurs spéciaux, placés sous les ordres d’un directeur (le directeur des vingtièmes), qui était subordonné à l’intendant, constitué juge des réclamations ; mais au fond la différence n’était pas grande dans le fonctionnement, car, s’agissait-il des impôts anciens ou des nouveaux, c’était toujours l’intendant qui décidait ; toute la différence, c’est que, pour la taille et les impôts qui s’y rattachaient, les élus restaient juges du contentieux. En outre la juridiction de ceux-ci se restreignit de plus en plus, et certaines matières auparavant de leur ressort durent être portées devant les intendans, sauf appel au conseil. Les bureaux des finances n’avaient pas les coudées plus franches, et l’intendant savait bien peser sur eux quand il y trouvait quelque résistance. Richelieu, qui sentait que ces bureaux, véritables cours de justice, comme on l’a vu, pouvaient créer des entraves à l’absolutisme des intendans, s’était attaché à en affaiblir l’indépendance. Il avait pour ce motif fait rembourser les titulaires des charges de présidens et trésoriers-généraux instituées en 1608 et en 1627 dans chaque bureau, afin de pouvoir en disposer à sa guise. Les instructions adressées dès 1647 à divers intendans leur enjoignent de se transporter près des bureaux des finances quand ceux-ci élèvent quelques difficultés touchant l’établissement de nouveaux impôts, pour leur marquer le mécontentement du roi, exiger d’eux les diligences nécessaires à l’exécution de ses ordres.

Ce n’était pas seulement d’ailleurs l’application des édits du conseil d’état que les intendans avaient à poursuivre ; leur mission était encore de rechercher les voies et moyens de créer des ressources nouvelles ; ils devaient étudier la situation économique de la province, les branches de commerce et d’industrie pouvant fournir matière à des impôts nouveaux, à l’établissement de nouveaux offices à vendre. Ils eurent donc dans leur ressort le commerce, l’agriculture, les fabriques ; on leur enjoignit de tenir la main à ce que les juges fissent observer les règlemens auxquels toute l’industrie