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L'IDEE DE FORCE
ET
LA PHILOSOPHIE DYNAMISTE

I. F. Magy, de la Science et de la Nature, 1864. — II. Ch. Lévêque, la Science de l’invisible, 1865. — III. É. Vacherot, la Science et la Conscience, 1869. — IV. F. Papillon, la Nature et la Vie, 1873. — V. F. Bouillier, le Principe vital et l’âme pensante (2e édition), 1874.

Dans un travail précédent, nous avons étudié un groupe de penseurs chez lesquels l’idée spiritualiste raffinée, subtilisée, vaporisée, au point d’être quelquefois à peine l’ombre d’elle-même, ne paraît subsister qu’à titre de tendance morale et religieuse[1]. Nous voudrions étudier aujourd’hui un autre groupe d’écrivains, plus réglés, plus soucieux de la clarté et de la précision, plus fidèles à la tradition, et qui toutefois ont cherché aussi à rajeunir et à élargir la doctrine spiritualiste, à en tirer non-seulement une philosophie de l’esprit, mais encore une philosophie de la nature. Ceux-ci relèvent de Leibniz, et leur principe est l’idée de force, que ce grand philosophe a introduite dans la philosophie et dans la science. Tout être est actif par essence. Ce qui n’agit pas n’existe pas, quod non agît, non existit. Or tout ce qui agit est force : tout est donc force ou

  1. Voyez notre travail intitulé une Phase nouvelle de la philosophie spiritualiste dans la Revue du 15 novembre 1873. — N’oublions pas toutefois que ces classifications sont toujours un peu arbitraires, et ne doivent pas être prises en toute rigueur. C’est ainsi que M. A. Fouillée, que nous avons rangé dans le premier groupe à cause des formes subtiles de sa pensée, appartiendrait plutôt au second par le fond réel de ses idées.