Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivante de lui, qui témoigne de la sollicitude qu’il ne cessa de manifester à cette occasion jusque dans les plus minutieux détails. Si je la reproduis ici, c’est surtout pour servir d’introduction à la réponse royale, dont l’original, adressé à M. Guizot, est resté entre mes mains : tout empreinte qu’elle soit de l’abandon d’une correspondance intime, elle me paraît faire école en matière de voyages princiers.


(Traduction.) « Whitehall, 25 septembre 1844.

« Mon cher comte de Jarnac, j’ai reçu la lettre ci-incluse du maire de Portsmouth, et, avant d’y répondre, je désire vous consulter sur la teneur de la réponse qui, à votre avis, serait la plus agréable au roi des Français, Peut-être sa majesté désirera-t-elle n’être point retenue à Portsmouth par le cérémonial d’une adresse. Je pourrais dire dans ma réponse qu’il me paraît fort probable que le roi préférera, une fois débarqué, se rendre immédiatement au château de "Windsor sans qu’aucune cérémonie soit interposée entre le débarquement et la visite à la reine

« Très fidèlement à vous, « Robert Peel. »


« Dimanche à 4 h. du s., 29 septembre 1844.

« Oui, sans doute, mon cher ministre, je recevrai avec plaisir, à mon passage à Portsmouth, l’adresse du corps municipal. Je ne connais rien de pis que la presse et le culbutis trop ordinaire aux princes et aux rois dans leurs voyages. Il n’y a rien de plus désobligeant que de repousser ces sortes d’hommages, et l’on ne m’y prend jamais. Veuillez donc répondre à Jarnac que, quelque courts que seront peut-être les instans qui s’écouleront entre mon débarquement et mon départ pour Windsor, j’apprécie trop la demande du corps municipal de Portsmouth pour ne pas y consacrer le temps nécessaire, et que je recevrai leur adresse avec le plus grand plaisir.

« Je vous remets donc les pièces, et j’ajoute que ma revue a été superbe, le temps à l’avenant et le public très aimable.

« Bonjour, mon cher ministre,

(Paraphée.) « L.-P. »


Cependant le prestige de l’administration de sir Robert Peel à l’intérieur ne cessait de grandir; jamais le gouvernement parlementaire n’avait fonctionné avec plus de succès et plus d’éclat. Sagement conservateur à la fois et sagement progressif, — dans les questions politiques, dans les questions économiques, dans les questions financières autant que dans les conflits parlementaires le grand ministre s’avançait de triomphe en triomphe, non moins assuré en apparence d’un avenir indéfini que du présent, qu’il dominait complètement. Dans le cours de l’automne de 1845, la princesse de Lieven vint à Londres, où elle fut sur-le-champ entourée, comme elle l’était partout, des principales notabilités politiques. Un jour,