France tombe dans ce piège. Le parlementaire du 23 septembre a, il est vrai, la photographie d’Hastings et son laissez-passer de M. de Bismarck ; il n’en faut pas plus pour que Bazaine reçoive un homme qu’il ne connaît pas, que Canrobert, Bourbaki déclarent n’avoir jamais vu aux Tuileries, pas même parmi les serviteurs de la maison impériale. Il montre à cet inconnu ses correspondances avec le prince Frédéric-Charles. Il s’entretient avec lui de la situation de la France, de la nécessité de la paix, des conditions auxquelles l’armée de Metz peut traiter. Le maréchal vient de recevoir un rapport d’un intendant qui lui annonce qu’il n’a de vivres que jusqu’au 18 octobre ; c’est précisément le chiffre que l’aventurier va répéter dans ses conversations avec l’ennemi. Régnier demande à Bazaine de mettre sa signature à côté de celle du prince impérial, Bazaine n’hésite pas, sans réfléchir au parti qu’on peut tirer de ce dangereux blanc-seing, sans songer que par sa signature il donne une sorte d’autorité aux paroles de Régnier. « L’idée, dit-il, ne m’en est pas venue le moins du monde. »
Il n’attache d’importance à rien, ni à des entretiens qui peuvent être répétés, ni à l’envoi d’un général sur la provocation du premier venu, ni à une signature dont on peut abuser. S’il ne voyait pas où il se laissait entraîner, il pouvait cependant commencer à s’en douter en recevant peu de jours après, le 29 septembre, par l’entremise du chef d’état-major du prince Frédéric-Charles, cette dépêche datée de Ferrières : « le maréchal Bazaine acceptera-t-il pour la reddition de l’armée qui se trouve devant Metz les conditions que stipulera M. Régnier, restant dans les instructions qu’il tiendra de M. le maréchal ? » C’était clair. Le maréchal se révolte-t-il du moins à cette proposition ? Il écrit qu’il ne saurait « répondre d’une manière absolument affirmative, » qu’il ne connaît pas M. Régnier, que « la seule chose qu’il pût faire serait d’accepter une capitulation avec les honneurs de la guerre, sans comprendre la place de Metz dans la convention à intervenir. » Pour le reste, il est prêt à envoyer son premier aide-de-camp, M. le général Boyer, auprès du prince Frédéric-Charles. Qu’entendait-il donc par ce triste mot de « capitulation avec les honneurs de la guerre ? » Au fond, il se laissait aller à cette chimère étrange que l’armée de Metz pourrait être sauvée par une convention militaire, neutralisée en quelque sorte et appelée à faire respecter le traité de paix qui serait signé, en même temps qu’à rétablir l’ordre en France. — Il y avait un gouvernement qui continuait la lutte, qui pouvait ne point accepter ces conventions et ces traités ? — c’était le gouvernement de l’insurrection, assure le maréchal Bazaine. — « Il y avait toujours la France ! » a dit M. le duc d’Aumale avec le juste sentiment du