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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/475

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l’assemblée, embarras aggravés par chaque jour de retard, et le message de M. le maréchal de Mac-Mahon vient tout simplement marquer l’heure où l’on ne peut plus attendre, où il faut se décider à faire ce qui aurait pu, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps, au 20 novembre, à la création du gouvernement de sept ans, ou tout au moins depuis six mois.

Et maintenant, cette situation une fois définie dans ses grandes lignes, dans ses caractères essentiels, dans son origine morale et politique, si on écarte ce qui est impossible, ce qu’on ne peut pas vouloir, tout ce qui serait un danger ou une chimère, est-il donc si difficile de fixer cette organisation nécessaire, de préciser les conditions dans lesquelles elle peut être réalisée? A voir l’étonnement, les résistances ou les mauvais vouloirs de certains esprits, on dirait qu’ils se trouvent pour la première fois en face de cette nécessité et de ces problèmes, qu’ils ont à s’imposer les plus cruels sacrifices pour arriver à des résolutions toutes nouvelles. L’assemblée au contraire ne fait que suivre le chemin qu’elle a ouvert elle-même et exécuter ses propres décisions. C’est l’assemblée qui, par un acte exprès, le 13 mars 1873, chargeait le gouvernement qui existait alors de présenter des lois sur l’organisation et la transmission du pouvoir exécutif, sur l’institution d’une seconde chambre, sur le régime électoral, et c’est pour faire honneur à cet acte de volonté souveraine que M. Dufaure présentait les projets qui ont gardé son nom. Le vote qui a créé ou transformé le gouvernement de M. le maréchal de Mac-Mahon a-t-il changé tout cela? Nullement, ce vote a rappelé plus que jamais la nécessité de faire les lois constitutionnelles, et il a imposé l’élection immédiate de la commission des trente chargée de ce travail. Tout se lie.

Il est vrai, les légitimistes, faute de pouvoir faire ce qu’ils désirent, s’attachent encore aujourd’hui à un autre système. Ils espèrent aller à leur but par une autre voie, en isolant ce qui se passe depuis six mois de tout ce qui a précédé, en faisant du gouvernement de M. le maréchal de Mac-Mahon une création absolument nouvelle, une exception toute personnelle, et en définitive chimérique et impuissante. Le pouvoir du maréchal, même le pouvoir pour sept ans, soit, disent-ils; aller au-delà, c’est dénaturer la loi du 20 novembre. Cela obtenu, ils se réservent d’ajouter et ils disent chaque jour : Le septennat, quelle plaisanterie ! Il n’y a que la monarchie ou la république. — Eh bien! c’est un peu vrai, il n’y a que la monarchie ou la république, et quand la monarchie n’existe pas, lorsqu’elle n’est pas même possible, il est bien certain qu’on est plus ou moins en république. Seulement on s’aperçoit un peu tard que nous en sommes là, que c’est notre histoire. Depuis près de quatre ans, c’est au nom de la république que la France traite avec l’Europe, que le gouvernement promulgue les actes d’état, que M. le