révolution française de 1830, avait accompli une grande réforme politique commandée par le progrès des temps, celle du système électoral. Il avait fait une réforme humanitaire par l’abolition de l’esclavage des noirs dans les nombreuses colonies de l’Angleterre, et, pour mieux écarter les objections, il n’avait pas hésité à proposer au parlement, qui l’avait accepté, de payer une généreuse indemnité aux propriétaires de ces serviteurs infortunés; il avait même introduit quelques modifications heureuses dans le système commercial du pays. Telle fut la suppression du monopole de la compagnie des Indes dans le commerce de la Chine; telle fut encore la nouvelle législation sur les banques, applicable à l’Angleterre proprement dite et au pays de Galles, législation votée en 1833 à l’occasion du renouvellement de la charte de la Banque d’Angleterre. C’est ce qui a donné naissance aux puissantes sociétés de banques par actions (joint-stock banks), dont les principales ont leur siège dans Londres même, jusque-là déshérité en ce genre, — établissemens dont les opérations, par leur étendue, font l’admiration des théoriciens et des praticiens, et dont les dividendes réguliers dépassent les prévisions des optimistes. Les chemins de fer s’étaient multipliés d’eux-mêmes pendant la domination de ce parti, ce qui avait commencé et allait compléter en peu d’années une heureuse révolution dans le transport soit des voyageurs, soit des marchandises, et imprimer aux échanges intérieurs et extérieurs une activité inconnue et une rapidité que le continent en général, la France en particulier, s’obstinent à ignorer aujourd’hui encore. C’est aussi au gouvernement des whigs de cette époque qu’on fut redevable d’une bienfaisante transformation du service des postes, car ce fut en 1839 que commença le penny postage, recommandé avec une infatigable persévérance par un administrateur éminent, M. Rowland Hill ; l’effet du nouveau régime postal fut d’abaisser subitement à un penny (10 centimes) le port de la lettre simple de 14 grammes dans toute l’étendue des îles britanniques. C’était une remarquable facilité de plus qu’on donnait aux transactions. Il serait donc souverainement injuste de prétendre que les whigs, portés au pouvoir par le mouvement libéral de 1830, se soient montrés indifférens aux intérêts du commerce et de la production en général.
Cependant le parti whig avait manqué de perspicacité et de vigueur devant une réforme commerciale dont les. conséquences devaient être des plus fécondes et pour laquelle le temps était enfin venu. Il avait laissé intact le système des douanes, quelque hérissé qu’il fût de dispositions arriérées et barbares. Il avait été saisi d’un sentiment pusillanime quand quelques amis lui avaient conseillé de tenter d’une main ferme l’inauguration de la liberté du commerce. Il avait reculé devant cette tâche que pourtant cent raisons recommandaient.