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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/547

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de semaines, malgré une opposition fort vive. On en attend 25 millions 1/2. La quotité en est encore faible, d’un demi-décime pour franc; mais ceux qui ont étudié la physiologie des impôts savent qu’en général les taxes pour s’introduire se font petites; lorsqu’elles ont pénétré dans la place, il est de leur nature de s’arrondir. Les chemins de fer ont été inventés pour diminuer les frais de transport; il ne faut pas en fausser la destination par des taxes qui augmentent directement ces frais.

Il n’est pas possible de se mettre en présence des chemins de fer sans que la pensée se porte aussitôt sur la puissance de ce merveilleux instrument pour augmenter la richesse de la société. Il est naturel de se demander jusqu’à quel point depuis la guerre le gouvernement a cherché à en tirer parti pour parer dans une certaine mesure à l’accroissement de ses charges financières, non pas en les soumettant directement à des impôts, mais en les rendant plus efficaces pour l’accroissement de la richesse nationale, c’est-à-dire l’agrandissement du réservoir où il puise à chaque instant pour la satisfaction des besoins de l’état.

Les chemins de fer peuvent intervenir ici de deux manières très différentes, et dont la diversité cependant n’exclut pas la simultanéité. Pour tirer des chemins de fer des services plus grands que par le passé, on peut les multiplier, c’est-à-dire construire les lignes nouvelles dont la nécessité s’est fait sentir; on peut aussi se mieux servir des lignes déjà construites, de sorte qu’elles facilitent davantage les opérations des arts utiles, et par conséquent la création de la richesse. A aucun de ces points de vue, le gouvernement ne paraît s’être bien rendu compte de sa tâche. Au lieu de multiplier les chemins de fer ou d’en favoriser la multiplication en faisant appel aux ressources de l’industrie privée et des localités, il y a dans beaucoup de cas suscité des obstacles. Quant au mode d’exploitation des chemins de fer déjà établis, il n’a pas daigné en faire l’objet de son attention. Il semble professer sans réserve à cet égard la philosophie du docteur Pangloss, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

En dehors des chemins qui s’exécutent sous la dénomination d’intérêt général et qui ressortissent à l’état, une loi sage, votée en 1865 et confirmée par la loi sur les conseils-généraux du 10 août 1871, en a créé une autre catégorie à laquelle on a donné la qualification d’intérêt local. Ce sont des lignes rendant les mêmes services que les autres, mais qui en diffèrent en ce qu’elles sont concédées par les départemens, représentés par leurs conseils-généraux, au lieu de l’être par le gouvernement et le parlement, et placées sous le contrôle non de l’administration supérieure résidant à Paris, mais des préfets et des assemblées départementales. A ce titre, elles excitent