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XVIe siècle, le changement s’était accompli partout. Le vroedschap était un collège de bourgeois plus ou moins nombreux qui se recrutait lui-même et qui exerçait le gouvernement de la cité. Les autres habitans avaient laissé prescrire leur droit d’intervenir dans la gestion des affaires communales et même celui de nommer des représentans. De citoyens libres, ils étaient devenus des administrés. Le pouvoir appartenait à un corps oligarchique de bourgeois privilégiés. Non-seulement ce corps administrait la cité, mais il contribuait à gouverner directement l’état, car il nommait les députés aux états-généraux et aux états provinciaux, et toutes les résolutions qui exigeaient l’unanimité lui étaient soumises.

La plupart des villes avaient un pensionnaire, homme de loi, ordinairement prudent, érudit, éloquent, chargé spécialement de défendre les privilèges de la cité et de prendre la parole en son nom au sein des états provinciaux. Les services rendus par ce fonctionnaire sont considérables. Presque toutes les villes avaient aussi plusieurs bourgmestres, qui de concert avec les conseillers géraient les intérêts matériels, administraient les biens et les finances. Les conseillers (raden), d’abord nommés par le souverain pour veiller à l’administration, se confondirent plus tard avec les membres du vroedschap. Ces principaux magistrats étaient nommés par le stathouder ou, quand il n’y en avait point, par la cour de justice, sur des listes doubles ou triples formées par le vroedschap ; mais fréquemment aussi celui-ci nommait directement. — Pour mieux donner une idée de l’administration d’une ville au XVIe siècle en Néerlande, nous exposerons plus en détail celle d’Amsterdam.

Dans cette ville, la plus riche et la plus importante de la république, le vroedschap ne se composait que de 36 conseillers ou raden, qui se recrutaient eux-mêmes à la majorité des voix. Le conseil des anciens, oud-raad, était formé des anciens bourgmestres ou échevins, au nombre de douze. Il y avait quatre bourgmestres et neuf échevins en exercice. Ceux-ci choisissaient un bourgmestre au sein de l’oud-raad. Cette élection si limitée donnait lieu au proverbe : eens hurgermester, altyd burgermesier, « une fois bourgmestre, toujours bourgmestre. » Les bourgmestres nommaient les échevins sur une liste dressée par les trente-six échevins. Le schout, magistrat judiciaire nommé autrefois par le souverain, l’était aujourd’hui par les bourgmestres sur présentation par le vroedschap. Les trésoriers, les commissaires des mariages, des orphelins, des affaires maritimes, des finances, et les fonctionnaires subalternes étaient au choix des bourgmestres. Le collège des échevins avec le schout avait le droit de faire les lois et règlemens. Il formait aussi un banc de justice ou vierschaar.

Nous avons ici le type d’un régime oligarchique aussi exclusif