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d’être significatifs, dans les communications des membres de l’assemblée avec le pays. Elle est dans ce discours où le président du centre gauche, M. Léon de Maleville, haranguant ses compatriotes de Caussade, a eu l’idée assez inattendue de leur présenter M. Gambetta comme un modèle de « sérénité, » de « calme plein de force. » Elle est aussi, à un autre point de vue, dans ce manifeste de M. le marquis de Franclieu signifiant à la France qu’elle a été tout simplement sauvée de l’abîme le mois dernier par le rejet de la proposition Casimir Perier, mais qu’il ne lui reste plus que trois mois pour choisir entre une mort certaine et le salut infaillible par le rappel du roi. Le septennat lui-même est mis avec quelque irrévérence au nombre des a causes morbides destinées à précipiter notre agonie… » L’honorable M. de Franclieu, depuis trois ans, ne cesse de prédire tout ce qui arrive, il a eu le malheur de voir toutes ses prophéties se réaliser, il l’assure. Maintenant il se croit tenu de donner un dernier avertissement ; si on ne l’écoute pas, si on ne rappelle pas avant la fin de l’année M. le comte de Chambord, il n’aura plus qu’à s’envelopper la tête et à périr avec tout le monde. Il y aura eu du moins un juste pour annoncer l’épouvantable cataclysme auquel on ne peut échapper. Décidément la retraite et la réflexion conseillées à l’assemblée par M. le général Changarnier profitent aux légitimistes de l’extrême droite ! La politique, elle est encore dans ces élections du Calvados qui viennent d’envoyer au parlement un bonapartiste de plus, comme dans l’élection prochaine du département de Maine-et-Loire, comme dans les huit ou dix élections qui vont se faire d’ici à deux mois et où se reproduira infailliblement la même lutte.

La politique du moment, elle est surtout enfin dans ce voyage que M. le président de la république vient d’accomplir à travers les provinces de l’ouest, et de tous ces faits, de ces manifestations, de ces incidens se dégage une impression unique et invariable, c’est qu’aujourd’hui comme hier, pendant ces vacances si impatiemment désirées comme pendant la session parlementaire, on ne sait ni où nous en sommes, ni où nous allons. Chacun, pour rester dans le programme de M. le général Changarnier, consulte le pays, à la condition, bien entendu, de faire parler le pays à sa manière. Les républicains demandent naturellement la république définitive, comme les monarchistes demandent sans plus de retard la restauration de M. le comte de Chambord, Les septennalistes purs veulent qu’on glorifie le septennat sans le définir. Les constitutionnels voudraient tout au moins qu’on en vînt à régulariser et à consolider le septennat en l’organisant. Les indifférens supplient qu’on leur donne la paix, la tranquillité, et, si l’on veut, un bout de chemin de fer pour faciliter leurs affaires. Là-dessus arrivent les représentans du clergé, et en tête M. l’évêque d’Angers, demandant à M. le président de la république d’associer dans une même œuvre de