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LA
GUERRE CIVILE EN ESPAGNE

LE PARTI CARLISTE ET LES PROVINCES BASQUES.


I.

L’Espagne a fait beaucoup parler d’elle dans ces derniers temps, justifiant une fois de plus le vieil adage, que les seules nations heureuses sont celles dont on ne parle pas. Ébranlée par les convulsions politiques, déchirée par les factions, en proie à une horrible guerre civile qui désole ses provinces les plus florissantes, elle est devenue pour l’Europe un sujet d’inquiétude, et récemment on a pu croire que de la Péninsule allait, comme en 1870, partir le signal d’un immense conflit. Toutefois il ne faudrait point la rendre responsable des passions politiques et religieuses qui divisent le monde moderne et qui cherchent partout un champ de bataille. Il suffit d’étudier un peu l’Espagne, son esprit, ses mœurs, son histoire, pour voir que la lutte entreprise par le prétendant n’a pas l’importance internationale qu’on s’est plu à lui accorder, et qu’à tout prendre elle rentre dans les proportions plus modestes d’un acte ordinaire de rébellion.

La sympathie du parti légitimiste en France pour don Carlos vient d’un malentendu. Beaucoup de gens en effet croient de bonne foi que le carlisme représente au-delà des Pyrénées les mêmes idées qu’ils soutiennent de ce côté, et que la légitimité et la religion sont intéressées à son triomphe ; ainsi prévenus, ils sont portés à tout excuser, à voir dans chaque chef de bande un chevalier chrétien. Ils ne comprennent pas que les carlistes, aux yeux de tout bon Espagnol, représentent bien moins le droit et la religion que la réaction et la violence. Peut-être eux-mêmes, à les mieux connaître, rougiraient-ils d’une alliance aussi compromettante, et s’étonneraient-ils