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de tous les états de recettes et de dépenses, et la déclaration de conformité rendue par elle sera soumise à la sanction du sultan et publiée par ses soins.

Ces deux premières parties du projet préparé par Sadyck-Pacha et récemment adopté, la création de la banque d’état et les réformes administratives, sont déjà des faits accomplis : les actionnaires de la banque ottomane ont ajouté leur ratification à celle du sultan. La nomination des membres de la haute commission chargée de réviser le budget a suivi la promulgation de la loi ; reste la conclusion de l’emprunt, qui n’est pas encore complète. Le gouvernement a décidé l’émission d’un emprunt de rente 5 pour 100 en tout semblable au 5 pour 100 intérieur, jusqu’à concurrence de 40 millions de livres sterling, sur lesquels la banque ottomane en a tout d’abord pris 15 millions ferme au taux de 42 francs avec 2 francs de commission, soit 40 francs net. On conçoit qu’un établissement particulier, obligé d’ailleurs à faire de grosses avances à l’état, ne puisse garder sans les écouler dans le public des rentes 5 pour 100 pour 150 millions de francs. Une souscription a donc été ouverte le 16 septembre dernier à Londres, Berlin, Vienne, etc., pour le placement à 43 1/2 de près de 16 millions sterling du nouveau 5 pour 100 : c’est toute la partie prise ferme par la banque ; sur les 24 millions sterling formant le solde de l’emprunt projeté, 8 serviront de gage aux avances de la banque, 16 seront l’objet d’émissions ultérieures. Le succès de la souscription de la première partie permet d’espérer un bon placement du solde. Ce sera dans ce cas la véritable pierre de touche de l’excellence des plans adoptés. La composition de la commission du budget, dans un pays où moins qu’ailleurs les sujets se hasardent à contredire le souverain, la faculté pour celui-ci d’autoriser les dépenses excédant les crédits ouverts et avec cette autorisation de se faire ouvrir un compte nouveau à la banque, peuvent, nous devons l’avouer, inspirer quelques appréhensions sur la portée des réformes nouvelles. En tout cas, elles améliorent la situation en ce sens qu’elles apportent au gouvernement turc le concours d’hommes compétens, intéressés à la bonne gestion des finances publiques, et qu’elles soumettent de plus en plus le gouvernement lui-même au jugement de l’opinion publique, cette force devant laquelle plus d’une volonté despotique a fléchi. Au fond, ce ne sont pas les ressources qui manquent à la Turquie, c’est la connaissance du meilleur emploi à en faire. Les réformes actuelles peuvent la lui donner. Pour le moment, les embarras les plus pressans ont disparu : il reste encore avec le solde de l’emprunt à placer des ressources considérables qui laissent le temps aux progrès de s’accomplir, et aux nouvelles institutions de produire tous leurs résultats. Grâce à elles, les anciennes dettes si lourdes, à échéance si brusque, se transformeront-elles