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sont ordinairement inférieurs pour les dimensions aux sceaux dont ils occupent le revers.


II.

Les sujets gravés sur les matrices, ou, comme l’on dit en sigillographie, les types, affectent plus de diversité encore que les formes et les dimensions des sceaux ; ils offrent aussi plus d’intérêt. C’est dans ces types, qui ont été répartis en un certain nombre de catégories, que l’archéologue découvre les rapprochemens les plus inattendus, les indications les plus précieuses. Le style des figures permet en outre de suivre les vicissitudes de la glyptique et des arts du dessin. On a dans les collections de sceaux un ensemble de monumens figurés, parfois les seuls que l’on connaisse pour la fixation de telle date, la biographie de tel personnage, la constatation de tel détail de la vie de nos ancêtres. Je ne parle pas des inscriptions qui fournissent la matière d’une épigraphie spéciale et contribuent à éclairer la paléographie, pourvu qu’on fasse la part du caprice du graveur et des exigences de la forme du sceau. La légende sigillographique est de plus en soi un document historique important ; elle ajoute souvent des renseignemens à ceux qui sont consignés dans l’acte auquel le sceau est attaché. La date qu’on y lit peut éclaircir la chronologie des familles nobiliaires, l’histoire de la fondation de divers établissemens et une foule de faits historiques. Les formules employées dans les inscriptions concourent à fixer l’époque où ces mêmes formules apparaissent dans les chartes. C’est ainsi que nous lisons pour la première fois sur le sceau de Charles le Simple la formule gratia Dei, qui a depuis constamment figuré en France sur les sceaux royaux. À côté des légendes en latin, qui sont de beaucoup les plus nombreuses, il y a quelques légendes curieuses en langue vulgaire[1].

Les sceaux comme les médailles nous ont conservé avec plus ou moins de fidélité les traits de personnages célèbres. C’est sur les sceaux par exemple qu’il faut aller chercher les portraits de nos premiers rois. Les sceaux des Mérovingiens présentent la tête de ces princes vue de face avec la longue chevelure, qui était chez les Francs le signe distinctif de la dignité royale. On reconnaît bien là les reges criniti de Grégoire de Tours et de Prosper d’Aquitaine. La barbe est assez courte, elle recouvre les lèvres et le menton. Childéric Ier était toutefois représenté imberbe sur son anneau et la

  1. Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, on rencontre fréquemment dans une même légende des mots français et des mots latins. Le français est surtout employé pour les légendes des sceaux de femmes et de villes. Ces légendes en langue vulgaire apparaissent déjà, au commencement du XIIIe siècle, avant les premières chartes en français.