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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/424

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endommagé cette nuit même par un incendie. Déjà un messager était parti pour aviser le prince de Parme de la position de la flotte ; le calme malheureusement survint ; la fortune commençait à hésiter. Le 23 juillet, ce n’était plus par le calme, c’était par le vent contraire qu’on se trouvait arrêté.

Du moment qu’ils ne pouvaient plus avancer, les Espagnols ne demandaient pas mieux que de combattre. Ils étaient alors arrivés à la hauteur de Portland, Ils virèrent de bord et se portèrent sur la flotte anglaise. La canonnade, à cette époque, ne pouvait rien résoudre ; il fallait en venir à l’abordage. Les Espagnols tentèrent plusieurs fois d’aborder. Plus agiles, les Anglais réussirent constamment à se dérober à leur étreinte. Une action assez vive et très confuse s’engagea. L’Arche-Royale, le Non-Pareil, l’Elizabeth-Jonas, le Victory, se mirent en demeure de répondre aux galions. Le Triumph, le Merchant-Royal, le Centurion, le Margaret and John, le Mary-Rose, le Lion d’or, eurent affaire aux galères. Pendant une heure et demie, les navires anglais tinrent ces bâtimens à rames en échec. La brise vint encore une fois changer la face des choses. Elle passa successivement au sud-est, puis au sud-ouest. Les Espagnols se formèrent en demi-cercle, placèrent leurs meilleurs navires en dehors, ceux qui avaient souffert dans l’intérieur du croissant, et, ainsi rangés, ils reprirent leur chemin vers Calais. Les Anglais reprirent de leur côté leur poursuite. Un grand navire de Venise qu’ils étaient parvenus à désemparer tomba dans cette journée en leur pouvoir. La flotte de lord Howard commençait à manquer de poudre. L’amiral en envoya chercher dans le port le plus voisin. Malgré la perte de trois bâtimens, l’avantage n’en restait pas moins à la flotte espagnole, puisqu’elle continuait imperturbablement sa route et approchait insensiblement de son but. Le 25 juillet, au matin, les deux flottes se retrouvèrent à la hauteur de l’île de Wight. On se battit cette fois à 100 mètres environ de distance. Il faisait presque calme. Les Anglais se faisaient remorquer par leurs embarcations, les Espagnols s’aidaient de leurs galères. On vit dans cette journée le Non-Pareil et le Mary-Rose amener leurs huniers, — c’est ainsi qu’au XVIe siècle on mettait en panne, — et braver à, eux seuls toute la flotte espagnole. Le duc de Medina-Sidonia s’était de sa personne porté à l’arrière-garde. Son grand-mât fut abattu ; il eût été pris, si Mexia et Recalde ne se fussent empressés de venir le couvrir. L’amiral anglais ne courut pas moins de danger. Un changement de vent le dégagea et lui permit de rallier autour de lui sa flotte dispersée par le calme. Le 26 juillet, Charles Howard d’Effïngham appelait à l’ordre lord Thomas Howard, lord Sheffield, Roger Townsend, John Hawkins, Martin Forbisher. C’étaient les héros