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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/848

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marcher sur les traces des États-Unis d’Amérique, qui ont sacrifié le présent à l’avenir en accablant le pays d’impôts pour racheter en quelques années la totalité de leur immense dette, on peut aussi s’éloigner de l’indifférence de l’Angleterre, qui depuis bientôt cinquante ans n’a presque rien fait pour affranchir les générations futures des charges dont les générations précédentes ont grevé le pays.

Parmi les engagemens de l’état, il y en a, comme les annuités diverses pour les ponts et les canaux, pour les compagnies concessionnaires de chemins de fer, comme aussi les obligations trentenaires, qui s’amortissent par la force même des choses, puisqu’ils n’ont qu’une durée déterminée ; mais il ne faut pas oublier que beaucoup de ces engagemens, lorsqu’ils viendront à expiration, seront remplacés par d’autres. On ne peut croire que la série des travaux publics utiles, pour la confection desquels le concours de l’état est nécessaire, soit près d’être achevée. Or les subventions par annuités, que l’on ne devrait jamais prolonger au-delà de vingt ou trente années, sont un des moyens les meilleurs de développer les grandes entreprises sans compromettre les finances du pays. L’état d’ailleurs aura un jour une contre-partie à cette dette, ce sont les remboursemens que les compagnies de voies ferrées lui devront faire pour les sommes qu’il leur a avancées et qu’il leur avance encore sous la forme de garanties d’intérêts. On peut espérer, d’après des calculs qui jusqu’ici se sont montrés exacts, qu’en 1885 ces remboursemens commenceront.

Un chapitre très important de la dette de la France, c’est la créance que la Banque a sur l’état pour les sommes qu’elle lui a avancées depuis le commencement de la guerre. On sait que ce grand établissement de crédit s’était engagé à prêter à l’état 1 milliard 530 millions, y compris 60 millions déjà versés en vertu d’une convention de 1857. L’état d’un autre côté prit l’engagement de lui rembourser 200 millions par année. Cet engagement a été strictement tenu. En laissant de côté les 60 millions que la Banque avait prêtés au trésor en 1857 et une somme qui fait nominalement partie du prêt de 1 milliard 530 millions, mais qui n’a pas encore été versée à l’état, nous restons redevables de 827 millions envers la Banque. Cette dette a un caractère spécial, parce qu’elle ne porte qu’un intérêt singulièrement réduit, l’état ne payant que 1 pour 100 pour l’usage de capitaux qu’il se procurerait difficilement sur le marché à moins d’une rémunération annuelle de 5 fr. 25 cent, pour 100. Il est vrai d’un autre côté que la persistance de cette dette entraîne avec soi la continuation du cours forcé. Aussi pensons-nous qu’il la faut réduire de préférence ; mais on peut s’en tenir au remboursement par annuités qui avait été stipulé à l’origine. En lui