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à ses colons, quand ils auront rempli les conditions voulues, avec la plénitude de ses droits, l’entière propriété du sol.


II

Le territoire d’Azib-Zamoun est situé à 82 kilomètres à l’est d’Alger, à l’embranchement des routes d’Alger à Del lys et d’Alger à Tizi-Ouzou et à Fort-National ; les routes qui le traversent dans toute son étendue sont excellentes, bien entretenues, et desservies journellement par des voitures publiques ; c’est un lieu de bivouac pour les troupes et un point stratégique important. Le gouvernement y avait autrefois fait construire un caravansérail pouvant servir à la fois d’abri pour les voyageurs et de refuge en cas d’attaque. Autour du caravansérail s’étaient groupées quelques fermes ; les eaux sont abondantes et de bonne qualité, le pays a toujours passé pour extrêmement salubre. Les terres qui proviennent du séquestre opéré sur les indigènes sont toutes défrichées et pour la plupart très fertiles ; elles produisent surtout des céréales, et embrassent une superficie de plus de 2,000 hectares. Quant au village lui-même, l’emplacement choisi domine tout le territoire, et offre ainsi pour les habitans une nouvelle garantie de salubrité. Avant de quitter Alger, M. le comte d’Haussonville s’était entendu avec l’ingénieur des ponts et chaussées chargé des travaux publics du futur centre, et avait obtenu de lui qu’il voulût bien dresser aussi le plan des maisons à construire et en surveiller ensuite l’exécution. On se mit à l’œuvre, et en quatre mois quarante habitations se trouvaient prêtes ; ce chiffre a été augmenté plus tard d’une vingtaine jusqu’à permettre l’installation totale de soixante familles : c’est tout ce que comporte l’étendue du territoire d’Azib-Zamoun. Les maisons sont bâties solidement, en bonne maçonnerie, avec couverture en tuile ; le type en est unique, comprenant cave souterraine, rez-de-chaussée de deux pièces, grenier et appentis pour le bétail ; elles-sont carrelées et plafonnées, l’intérieur est blanchi à la chaux. Quelques-unes, occupées par les familles les plus nombreuses, possèdent un étage avec une ou deux pièces de plus ; les autres peuvent en cas de besoin être agrandies de même façon, et l’épaisseur et la solidité des murs ont été calculées en conséquence. Le prix moyen de revient, assez élevé encore, est de 2,500 francs pour les maisons à deux pièces, de 3,000 pour les maisons à trois pièces, et de 3,500 pour les maisons à étage complet. En effet, si l’installation est des plus modestes, si, en ceci comme en tout le reste, la société s’est fait un devoir d’agir avec une sage économie, on a pris-soin qu’une famille de travailleurs établie dans son nouveau