Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



28 février 1875.

La question est donc tranchée, les lois constitutionnelles sont votées, elles ont même obtenu une majorité qui dépasse toutes les prévisions. Le gouvernement de la république, par un acte d’autorité souveraine, est désormais le gouvernement régulier de la France. La transmissibilité et les attributions essentielles du pouvoir exécutif sont fixées, les institutions complémentaires sont décrétées. La présidence septennale créée le 20 novembre 1873 pour M. le maréchal de Mac-Mahon et laissée jusqu’ici dans une sorte d’isolement se lie maintenant et s’appuie à une organisation plus ou moins coordonnée. Le 25 février 1875, le scrutin a décidé du régime de la France dans une mesure et dans des conditions presque diplomatiquement débattues et délibérées. C’est là le fait succinct et décisif, le dernier mot d’une longue crise, et ce serait une étrange légèreté de ne voir dans cet ensemble de résolutions si récentes encore que les détails équivoques de transactions toujours difficiles, le résultat artificiel de combinaisons intéressées ou inavouées. C’est au contraire le dénoûment logique, invincible, bien que laborieux et compliqué, d’une situation où tout a été vainement essayé, où la force des choses est devenue par degrés assez impérieuse pour triompher de bien des répugnances et des incompatibilités, pour rallier une majorité suffisante au seul régime possible aujourd’hui. Ce vote du 25 février tel qu’il est, avec ses lacunes et ses incohérences, il a été préparé par la marche des événemens, par l’impuissance des partis et l’échec de toutes les politiques exclusives, par toute l’histoire parlementaire de ces quatre dernières années qui viennent de s’écouler.

A quoi ont-elles servi, ces quatre années dont le triste point de départ était l’invasion suivie de l’inexorable nécessité d’une paix ruineuse? Que l’assemblée élue par la France et réunie à Bordeaux au lendemain de l’armistice du 28 janvier 1871 eût tous les pouvoirs, qu’elle pût restaurer