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III

Telles sont les dernières tentatives faites en Algérie pour ouvrir avec le sud des relations suivies. Une grave question se pose tout d’abord : quel avenir est réservé au Sahara ? On est ici en présence de deux opinions ; les uns considèrent le désert comme un pays maudit destiné à devenir complètement inhabité, les autres au contraire, confians dans l’industrie de l’homme aidé de la nature, prédisent à ces plaines désolées une transformation merveilleuse : la verdure et la fraîcheur. Ici est, nous le croyons, la vérité. N’avons-nous pas sous les yeux des exemples frappans, les résultats produits par les forages de puits artésiens dans le sud des trois provinces de l’Algérie ? Ils tiennent du prodige, et un savant ingénieur des mines, M. H. Fournel, a pu justement dire que, lorsqu’on songe aux métamorphoses que les eaux artésiennes amènent dans la fertilité d’un sol comme celui de l’Algérie, on est entraîné à dire que « c’est par le dessous qu’on arrivera à la conquête définitive du dessus. »

Voici deux tentatives d’exploration entreprises cependant dans de bonnes conditions : l’une d’entre elles a échoué tragiquement par la mort du voyageur. Ce parcours de plusieurs centaines de lieues, où la sécurité des marchandises aussi bien que la vie des individus sont constamment menacées ne constitue donc pas, quant à présent, un débouché suffisant pour les produits d’une région aussi considérable que celle du Soudan central ; mais, si la mer intérieure venait à être créée, les conséquences qu’aurait pour le commercé avec le sud l’exécution d’un tel projet sont incalculables. La mer intérieure a trouvé ici même un chaleureux défenseur, un apôtre convaincu, M. le capitaine d’état-major Roudaire. Depuis la publication de son travail, le savant officier a vu d’éclatantes adhésions se prononcer en sa faveur. Il a fait passer dans d’autres esprits sa foi dans la réalisation d’un si grand projet. L’Académie des Sciences, saisie de la question, a nommé une commission spéciale dont les conclusions ont été des plus favorables. L’assemblée nationale, sur la proposition d’un de ses membres, a voté une somme de 10,000 francs pour subvenir aux premières études ; la Société de géographie, le ministère des travaux publics, ont envoyé des délégués. M. Le Verrier, M. de Lesseps, ont chaleureusement pris la défense du projet. Il est vrai que des objections sérieuses se sont produites.

C’est d’abord un ingénieur en mission à Tunis, M. Fuchs, envoyé par le gouvernement du bey sur les chotts de la régence. Dans une communication faite à l’Académie des Sciences, M. Fuchs a cru