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midi de l’Europe, l’époque de maturation la plus ordinaire est vers les mois de juillet et d’août ; mais le nom de maienco, truffe de mai, que lui donnent les Provençaux, prouve que l’on peut la recueillir dès le mois des roses. Le nom de truffe de la Saint-Jean, employé par les Poitevins, s’applique non-seulement à cette espèce, mais à toutes les truffes qui dans cette saison estivale doivent à l’absence de spores mûres la teinte blanche de leur chair. La truffe d’été semble être du reste celle qui remonte le plus vers le nord ou qui tout au moins s’y montre la plus fréquente. C’est l’espèce qu’on a signalée en Angleterre dès la fin du XVIIe siècle ; on doit y rapporter probablement la plupart des truffes rencontrées en Bohême et en Allemagne ; c’est la seule qu’on ait trouvée en Normandie, près de Falaise, sous le nom de tuber Blotii ; elle existe à Avallon, en Bourgogne ; dans le Dauphiné, elle est connue sous le nom de messingeonne, à Nérac sous celui de samaroque, qui lui est commun avec la truffe mésentérique. En Provence, en Languedoc, la truffe maienque n’est guère estimée : beaucoup de truffiers refusent de la chercher en été de peur de compromettre la récolte des truffes noires en fouillant hors de saison les truffières où les deux espèces pourraient se trouver associées. Autrefois pourtant on la recherchait dans ce pays moins pour la consommer à l’état frais que pour la découper en tranches minces et la vendre aux naïfs comme un représentant de la vraie truffe : insipides et dépourvues de parfum, ces rondelles coriaces sont de plus en plus abandonnées ; on en voit néanmoins encore chez les épiciers qui s’en approvisionnaient jadis à la foire de Beaucaire, rendez-vous longtemps florissant de toutes les denrées méridionales.

La truffe mésentérique accompagne presque partout la truffe d’été, avec laquelle il est facile de la confondre. Elle s’en distingue néanmoins par la présence sur la coupe de la pulpe de fines lignes noires sinueuses courant parallèlement aux lignes blanches aérifères. Une odeur forte et peu agréable rappelant un peu celle de la levure de bière lui fait donner en Bourgogne l’épithète de truffe fouine, et l’on en distingue deux formes, la grosse et la petite, suivant les dimensions soit de la truffe entière, soit des verrues pyramidales qui décorent la surface. La chair en est d’une teinte fuligineuse, plus foncée que chez la vraie truffe d’été : une dépression à fossette creusée dans la base du tubercule semble être également un trait distinctif de la truffe mésentérique par rapport à sa proche alliée.

Jusqu’ici nous n’avons vu que les truffes à surface ciselée en tubercules. Le groupe des truffes à écorce lisse, représenté en France par des espèces peu comestibles telles que la truffe blanche d’Agen, les tuber dryophilum, rapœodorum et autres, l’est en Italie par