nécessités d’une situation difficile, délicate, où une loi de plus ne remédiera à rien et ne dispensera pas même en certains cas d’une action discrétionnaire. Il ne s’agit nullement ici de savoir si l’état de siège est une condition régulière et libérale ; il y a en jeu un intérêt d’un autre ordre devant lequel le gouvernement devrait s’arrêter, en demandant à rester armé sous sa responsabilité, et tous les partis devraient respecter la réserve du gouvernement. C’est à M. le ministre des affaires étrangères de ne pas laisser s’engager des discussions qui ne peuvent qu’être périlleuses comme l’ont été déjà les discussions des derniers mois sur la réorganisation de l’armée.
Le malheur est qu’on oublie trop souvent les difficultés, les rigueurs d’une situation où les assemblées elles-mêmes ont leurs obligations comme la presse, où l’état de siège n’est pas plus extraordinaire que bien d’autres choses, où le premier de tous les intérêts est de placer la sécurité de la France sous Lai protection, d’une sagesse que les partis doivent savoir s’imposer spontanément, qu’on doit leur imposer, s’ils ne l’ont pas volontairement. L’organisation, constitutionnelle, à laquelle se sont ralliés tous les esprits sensés, a été créée précisément pour assurer cette protection par des institutions fixes, par un gouvernement défini. C’est l’essence de ce régime, nouveau qui a été fondé sous le nom de la république, avec le concours de toutes les opinions modérées, pour la sauvegarde de l’intérêt national.
Que les partis commentent les institutions nouvelles à leur façon, ils sont libres ; ils doivent tout au moins commencer par les respecter, et les légitimistes s’engageraient dans une campagne singulièrement risquée, s’ils prenaient pour mot d’ordre le récent manifeste d’un congrès de journaux qui a la prétention de tracer le programme de ce qu’il appelle par un euphémisme la politique conservatrice. Le centre droit est assez malmené dans le manifeste des journaux de la légitimité traditionnelle. Les hommes du centre droit sont des défectionnaires, des tartufes, heureusement dévoilés depuis « la comédie d’octobre 1873. » Les purs, les « vrais conservateurs, » ce sont les royalistes décidés à marcher en avant, seuls, s’il le faut, la tête haute et le front découvert, « sans regarder qui suit. » Les légitimistes, avec cette règle de conduite, pourraient effectivement être bientôt « seuls » sur leur chemin d’aventure ; ils auraient, il est vrai, l’avantage d’avoir la tête haute, au risque de ne pas regarder où ils marchent, — ils s’exposeraient aussi à broncher sur la première pierre du chemin. Ce serait surtout de leur part une étrange manière de respecter la paix de la France que de tenter dès aujourd’hui de l’agiter de nouveau en entreprenant de la conduire par une campagne turbulente de révision vers une restauration tout aussi chimérique que celle qui a été déjà essayée, et qui a eu un si brillant succès. Si les légitimistes n’avaient pas d’autre procédé pour mettre au service de la France la considération, l’influence que peuvent leur