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heures du matin, c’est-à-dire au moment de la reprise de l’offensive par Hood, expédié à Burnside l’ordre de commencer le combat, d’enlever le pont et d’attaquer Longstreet sur l’autre rive. Malheureusement Burnside, au lieu de se conformer à cet ordre en exécutant une attaque générale, se contente d’envoyer contre les défenseurs du pont la petite brigade Crook. Ce mouvement n’est appuyé que par deux régimens de la division Sturgis. Crook, accueilli par une vigoureuse fusillade, est promptement repoussé ; la brigade Rodman, qui devait passer un gué au-dessous du pont, ne réussit pas mieux. Sturgis renvoie alors à la charge ses deux régimens ; mais, malgré sa persévérance, il ne peut même atteindre le pont. Deux heures se passent en efforts faits successivement par de trop faibles détachemens, efforts sanglans et infructueux. Ainsi, tandis que la lutte grandit à droite, la gauche demeure toujours immobile. En vain Mac-Clellan a-t-il adressé à Burnside messager sur messager, avec l’ordre de plus en plus pressant de tenter une attaque générale. Il est midi, et ce général, avec ses quatre divisions, n’a encore engagé que trois brigades et n’a lancé que deux ou trois régimens à la fois contre le pont, autour duquel sont concentrés tous les moyens de défense de l’ennemi. Un temps précieux se perd ainsi en faibles et impuissantes tentatives.

Cependant Sumner, avec le 2e corps, a repris à droite le combat un moment suspendu. Sedgwick est en tête French le suit de près. Richardson, qui était la veille en première ligne, se trouve en queue, et passe l’Antietam à neuf heures et demie. Formant sa division en colonne par brigades déployées, Sedgwick entre dans la grande clairière du côté de l’est, dépasse d’abord les soldats de Green, qui n’avaient pas abandonné la lutte, puis la ligne de Williams, et, traversant diagonalement la clairière, il balaie devant lui les deux brigades de Hood. Il atteint ainsi la route de Hagerstown, la franchit en marchant toujours à l’ouest, et entre enfin dans les bois devant lesquels s’étaient brisés avant lui tous les efforts de Hooker et de Mansfield. Dans cette vigoureuse attaque, Sumner précède naturellement ses soldats. Seul en avant de sa ligne, la tête nue et hâtant le pas au bruit des balles qui coupent les branches autour de lui, le « vieux taureau des bois » se montre aussi énergique qu’à Fair-Oaks.

Rien ne peut arrêter Sedgwick, ni l’épaisseur du bois, ni les rochers qui forment sous les arbres des fortifications naturelles, et il atteint rapidement la lisière opposée du côté de Sharpsburg ; Dunker-Church est occupé, ainsi que le carrefour des deux routes, et les confédérés sont jetés en désordre dans les grands champs ouverts qui s’étendent au-delà. Le succès des fédéraux semblait