Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décisif : la position qu’ils venaient de conquérir était la clé du champ de bataille, mais elle se trouve fort en avant du reste de la ligne fédérale, et Sedgwick en l’occupant a exposé ses flancs. A droite, il est quelque peu couvert par les bois et par Doubleday, mais à gauche un grand espace le sépare de Green, dont la division, réduite à une poignée d’hommes, ne peut lui offrir un appui bien solide. Les deux autres divisions de Sumner n’ont pas encore paru sur le champ de bataille. Ce sont les confédérés au contraire qui cette fois reçoivent les premiers renforts. Mac-Laws, avec sa division et la brigade Walker, en tout 5,000 ou 5,500 hommes, arrive enfin de Sharpsburg par la grande route de Hagerstown. Avant d’approcher de Dunker-Church, il rencontre des groupes épars, des fuyards, des blessés. Ce sont les débris des divisions de Jackson et de Hood que Sedgwick vient de pousser hors du bois. Mac-Laws ne perd pas un instant, lance la brigade Kershaw dans l’espace inoccupé qui, nous venons de le dire, sépare les positions de Sedgwick de celles de Green, et soutient cette attaque avec tout son monde. Sa droite rencontre le second de ces deux généraux et lui fait bientôt perdre du terrain ; sa gauche se jette sur le flanc de Sedgwick et le prend presqu’à revers. Celui-ci fait faire volte-face à sa troisième brigade commandée par Howard, mais il est trop tard. Avant d’avoir accompli ce mouvement dangereux, les soldats de Howard sont accueillis par un feu terrible qui les met en désordre. La première brigade de la division Williams, qui était commandée par Crawford avant sa blessure, avait été placée de manière à soutenir Howard : elle est entraînée avec lui. Le désordre gagne rapidement les deux autres brigades de Sedgwick, qui se croient déjà tournées et enveloppées. Malgré les efforts de ce dernier, qui est blessé trois fois sans vouloir quitter son poste, ces troupes abandonnent Dunker-Church et les bois voisins qui avaient été si chèrement achetés peu de temps auparavant. La seconde brigade de Williams, sous Gordon, revient à la charge, et pénètre de nouveau dans ces bois à la faveur d’une éclaircie dans l’épaisse fumée qui enveloppe les combattans ; mais elle se voit aussitôt exposée à un feu concentrique, et obligée de se replier à la hâte pour n’être pas enlevée. Les fédéraux en retraite traversent encore une fois la grande clairière qui a déjà été arrosée de tant de sang. Mac-Laws veut les suivre, il est accueilli par un feu d’artillerie qui l’arrête à son tour.

Le combat s’est étendu. Pour détourner le désastre qui menace Sedgwick, Sumner a envoyé à ses deux autres divisions l’ordre de hâter le pas, de se former sur sa gauche et d’attaquer l’ennemi sans délai ; mais ces divisions marchaient à grands intervalles. Si French et Richardson avaient paru sur le champ de bataille en même temps