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différent, sont organisées d’une façon presque identique par les statuts de 1852. Il ne faudrait pas croire d’ailleurs qu’une réforme radicale ait été opérée à cette époque. Comme tous les peuples de sang germanique, les Suédois entourent d’un respect presque superstitieux les usages qui ont reçu la consécration du temps : on s’est borné à rajeunir ce qui était trop suranné et à mettre les vieilles institutions en harmonie avec les idées modernes.

Le plus haut magistrat universitaire est le chancelier, nommé par le roi sur la proposition du consistorium academicum majus. La liberté de l’enseignement supérieur n’existe donc pas en Suède, puisque le chef des universités est en définitive un fonctionnaire public ; mais, si l’autorité est au sommet, il règne partout la plus large indépendance. L’état n’exerce qu’un droit de contrôle, l’administration et la direction lui échappent. Le mode de nomination du chancelier prouve déjà combien les susceptibilités des universités sont ménagées, et en fait le roi sanctionne toujours le choix du consistoire, pourvu que ce choix porte sur un homme qui, par sa situation sociale autant que par sa notoriété littéraire ou scientifique, soit digne du poste d’honneur auquel il est appelé. Tel était en 1873 le comte Hamilton, ancien ministre plénipotentiaire, et membre de l’académie suédoise.

Le chancelier peut exercer ses fonctions pour les deux universités simultanément, et par conséquent résider à Stockholm en se bornant à faire quelques visites d’inspection. Au-dessous de lui, un droit de surveillance est conféré à l’évêque de Lund et à l’archevêque d’Upsal (on sait que l’église suédoise a conservé la hiérarchie catholique malgré la réforme), qui portent le titre de pro-chanceliers. De ce qu’un haut dignitaire ecclésiastique occupe ainsi une place importante dans l’administration universitaire, il ne faudrait pas conclure que la liberté de penser n’existe pas en Suède. Dans les pays qui ont une religion d’état, une église établie aussi fortement constituée que les états scandinaves, on trouve le clergé mêlé à tout, les évêques et les pasteurs étant véritablement des fonctionnaires ; mais l’exemple de l’Angleterre prouve que la liberté scientifique n’est point incompatible avec des sentimens religieux bien entendus. On enveloppe d’un grand respect tout ce qui touche à l’église nationale, et celle-ci ne s’ingère point dans les sciences profanes.

L’administration effective de l’université appartient au recteur, assisté des professeurs réunis en conseil sous sa présidence. Dans l’ancienne université de Paris, le recteur était nommé par les facultés et par les délégués des quatre nations qu’on appelait les intrants. Au moyen âge, quand la théorie des universaux passionnait