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LE RÔLE DES VENTS
DANS LES CLIMATS CHAUDS

Climats et endémies, esquisses de climatologie comparée, par M. le D’ A. Pauly ; Paris 1874.

Pendant bien des siècles, l’humanité s’est laissée vivre et mourir, courbant la tête sous les fléaux envoyés par le ciel sans se demander jamais s’il était permis et possible de se défendre contre l’ange exterminateur. Peu à peu cependant, le sentiment de la responsabilité collective des sociétés se développe, on commence à lutter, à s’aider soi-même ; les législateurs devinent l’importance des prescriptions sanitaires et leur donnent une base solide en les rattachant aux croyances religieuses. Toutefois la science de l’hygiène publique ne date que d’hier. La météorologie, qui est le vrai fondement de l’hygiène rationnelle, est elle-même une science très moderne, et elle s’est longtemps confinée dans une stérile étude des variations locales de la température et de la pression de l’air. Elle n’est devenue féconde qu’en s’élargissant en surface pour constituer la science des climats, et cette extension méthodique est malheureusement encore trop récente. Depuis près d’un siècle, la météorologie a travaillé sans méthode et sans plan, s’acharnant sur des minuties, entassant des montagnes de chiffres dont on ne tirait aucun parti. Par habitude et pour se conformer à l’usage, on enregistrait jour par jour des phénomènes qui n’ont au fond aucune signification précise et dont la connaissance ne nous sert à rien, parce que les données indispensables pour les interpréter nous manquent, — besogne vaine, travail ingrat ! Aujourd’hui les météorologistes sont débordés par les matériaux d’observations qui attendent une discussion sérieuse, et le jour où l’on se décide enfin à coordonner les faits