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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/684

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plaignent-ils ? Ces préférences de malade qu’on fait sonner si haut n’ont pas l’importance que l’on dit. Ce qui importe, c’est que le service médical soit assuré dans toutes les communes de France, que le pauvre trouve partout des soins, des médicamens, et les secours indispensables jusqu’au moment où il pourra reprendre son travail. Certes il serait désirable que tous les médecins pussent concourir au service de l’assistance, mais pourquoi ? Parce qu’on diminuerait ainsi les distances à parcourir, parce qu’on éviterait les pertes de temps qui compliquent la médecine rurale. Aussi le système que nous choisirions, s’il fallait absolument opter, serait peut-être le système cantonal tempéré par la division du département en circonscriptions ayant leur centre à la résidence du médecin ; mais nous reconnaissons avec la commission de l’assemblée nationale qu’il n’y a nul avantage à jeter partout dans un même moule l’organisation de l’assistance médicale. C’est à l’œuvre qu’il faut juger le système. On se décidera donc dans chaque localité d’après les données de l’expérience et les résultats obtenus. Les conseils-généraux seront à même d’essayer les combinaisons qui leur paraissent préférables, et l’enquête a montré qu’ils étaient loin de s’accorder sur ce point. Il est un principe au contraire sur lequel l’accord s’est fait d’une manière remarquable. Presque tous les déposans ont reconnu que l’organisation ne serait sérieuse qu’autant qu’elle présenterait pour les communes et le département un caractère obligatoire. C’est là une démonstration qui a été faite depuis longtemps. Déjà en 1847 la faculté de médecine de. Strasbourg, consultée sur le projet de loi de M. de Salvandy, signalait la liberté laissée aux communes comme la pierre d’achoppement de la nouvelle loi. C’est qu’en effet on ne fonde rien de durable en France sans le secours de l’obligation légale. A la rigueur, des œuvres d’initiative privée peuvent réussir dans les grandes villes, où les ressources abondent, où le bon vouloir est manifeste, où les entraînemens de toute sorte sont si faciles à provoquer ; dans les campagnes, il en est autrement. Qu’aurait-on fait au village en matière d’écoles, de chemins vicinaux, si le législateur n’avait imposé la dépense aux communes en les forçant de voter des centimes additionnels dont il a fixé le minimum ? Il en est de même en matière d’assistance.

On s’est livré à de nombreux calculs pour déterminer le nombre moyen des indigens en France, et les frais que l’organisation de l’assistance dans les campagnes entraînerait pour les communes, les départemens et l’état. M. de Watteville en 1844 portait le nombre des pauvres à 3 pour 100 du chiffre de la population. En 1867, M. de La Valette, ministre de l’intérieur, évaluait ce chiffre à 4 pour 100. Ces calculs, basés sur la statistique de l’assistance