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de la realschule, entrent de plain-pied dans la vie, l’enseignement de la realschule doit être plus varié, mais nécessairement aussi sur certains points moins approfondi.

Le gouvernement prussien, qui jusque-là n’avait rien fait pour ces sortes d’écoles, regagna subitement en 1859 tout le temps perdu en définissant le caractère de l’institution et en lui assurant des avantages considérables. « Le gymnase et la realschule, dit une circulaire ministérielle, sont deux écoles de même rang. Le progrès des sciences et les changemens survenus dans la société ont rendu cette division nécessaire. Tandis que le gymnase atteint son but par l’étude des langues, et surtout par l’étude des langues classiques de l’antiquité, et secondairement par les mathématiques, la realschule se tourne plutôt vers le présent, c’est-à-dire vers la langue maternelle et les langues étrangères, auxquelles elle joint les sciences mathématiques, naturelles et physiques ; mais, comme le présent ne peut être compris sans la connaissance du passé, la realschule ne pourra négliger l’étude de l’histoire… En réalisant ce programme, elle dissipera l’erreur de ceux qui pensent qu’elle doit transmettre des connaissances d’un emploi immédiat dans la vie. Sans doute l’école doit avoir égard aux exigences de la vie et l’institution des realschulen est là pour prouver qu’effectivement on y a égard ; mais il ne faut pas oublier que l’école a affaire à des enfans, à des jeunes gens, chez qui on doit se contenter de poser un premier fonds de connaissances générales et durables. »

Le gouvernement prussien ne s’en tint pas à une profession de foi. Il accorda aux realschulen qui présenteraient un ensemble complet d’études le droit de délivrer des certificats de sortie, exactement dans les mêmes conditions que les gymnases. Certaines grandes écoles de l’état s’ouvrirent aux élèves pourvus de ce diplôme : l’école des ponts et chaussées (Bau-Akademie), celle des mines (Berg-Akademie), celle des forêts (höhere Forst-Lehranstalt), celle des arts et manufactures (Königliches Gewerbe-Institut), Les élèves qui voulaient entrer dans l’armée étaient dispensés de l’examen conduisant au grade d’enseigne (porte-épée-fähnrich) ; même, sans avoir achevé le cours complet des études, les élèves pourvus d’un certificat satisfaisant pouvaient entrer dans certaines administrations officielles ou embrasser quelques professions demi-savantes. Ainsi l’élève qui a achevé sa seconde peut entrer comme surnuméraire dans les postes ou dans les contributions, ou comme employé dans les bureaux de l’intendance ; il peut devenir vétérinaire, arpenteur, vérificateur des poids et mesures ; chose non moins appréciée, il est admis au volontariat d’un an[1]. Ce n’est

  1. Cette mesure a été étendue depuis aux élèves qui ont fait la troisième, et même la moitié seulement de la troisième.