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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/892

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depuis la huitième jusqu’à la prima[1]. Seulement on rencontra une difficulté : comme les realschulen, pour répondre à leur but, doivent donner dans les hautes classes un enseignement scientifique plus étendu que celui des gymnases, le latin, à l’aise dans la huitième classe, se trouve à l’étroit dans la première. En même temps qu’il monte, il s’amincit. Voici le tableau des heures, tel qu’il est généralement adopté :


Classes Nombre d’heures
VIII 8
VII 6
VI 6
V 5
IV 4
III 4
II 3
I 3

Si l’on tient compte de cette distribution du temps et si l’on songe que les élèves de la realschule, à mesure qu’ils grandissent, montrent moins d’empressement pour la culture classique, on ne sera pas étonné que les résultats ne soient pas très satisfaisans. J’ai assisté à Berlin à une explication latine en prima : le livre était une chrestomathie de Virgile, d’Horace et d’Ovide, précédée d’un certain nombre de sentences en vers destinées à être apprises par cœur, et suivie d’un glossaire. Les élèves, hésitant et trébuchant, parvenaient tant bien que mal à faire la construction d’une phrase d’Ovide) ; mais on sentait que les conseils d’Apollon à son fils Phaéthon les intéressaient peu : le résultat, il faut le dire, n’était pas en rapport avec le nombre d’heures, après tout considérable, que les élèves avaient dépensé en huit ans pour cette étude[2].

Le professeur, qui au fond était bien du même avis, me donna cependant une raison en faveur du latin. S’il se trouve des élèves qui, à un moment quelconque de leurs études, sentent en eux la vocation littéraire, les ponts ne sont pas coupés derrière eux, ils peuvent se présenter au gymnase. Jusqu’à quel point ce cas, qui se produit de temps à autre, est-il de nature à justifier le maintien du latin sur le programme, c’est ce que je m’abstiens d’examiner. On ne peut nier cependant que, si faible qu’il soit, cet enseignement ne soit un lien qui rattache la realschule au gymnase, et établit entre les élèves des deux institutions une certaine unité de culture. J’ajoute que la question, si elle doit un jour se débattre chez nous pour des établissemens du même rang, ne se posera pas

  1. Tout le monde cependant, même en Prusse, ne se soumit pas. Ainsi les deux grandes gewerbe-schulen de Berlin, qui sont de véritables realschulen par la valeur des études, continuèrent à ne pas admettre le latin.
  2. Je trouve la confirmation de cette impression dans un document officiel. « C’est dans les hautes classes de la realschule que les résultats en latin sont les plus faibles : les élèves de prima en savent moins que ceux des classes intermédiaires. Aucune realschule ne remplit l’obligation, qui loi est imposée par les programmes, de mettre les élèves en état de lire Tite-Live, Salluste, Horace. » (Protokolle der im october 1875 gehaltenen Conferenz, p. 44.)