mis en pleine lumière. Par d’autres cartes, on voit que c’est surtout dans les départemens qui avoisinent la capitale que la première enfance paie à la mort cet effroyable tribut. Ailleurs on voit aussi que la mortalité des enfans naturels est le double ou même quelquefois le triple de celle qui frappe les enfans légitimes : l’assemblée nationale a compris qu’il y avait là un danger pour le pays, et qu’il fallait y porter un prompt remède. M. Théophile Roussel a signalé dans un rapport fort remarquable les abus terribles de l’industrie, dite nourricière, qui s’exerce aux environs de Paris. Cette enquête a révélé des faits navrans, dignes des plus mauvais jours du moyen âge et. qui ont dévoilé l’audace poussée jusqu’au crime de quelques misérables éleveuses. A côté de ce moyen palliatif, il y en aurait un autre plus efficace sans doute, mais qui ne relève pas des dispositions législatives. Il faudrait que le nombre des enfans naturels fût moins considérable, et on sait qu’à Paris il naît autant d’enfans naturels que d’enfans légitimes.
Les autres tableaux représentant la mortalité en France aux divers âges ne sont pas moins intéressans ; ils montrent que les célibataires et les veufs vivent moins longtemps que les gens mariés ; ils établissent aussi, une fois de plus, les dangers de l’alcoolisme ; en un mot ils méritent d’être médités avec soin par toute personne qui s’occupe d’économie politique. A la suite de ces tableaux, on en trouve un dernier dans lequel M. Bertillon compare la mortalité en France et la mortalité dans les autres pays. En somme, la situation est fort satisfaisante ; notre pays est dans une situation très favorable, et après la Suisse, la Norvège et la Suède c’est celui où la durée moyenne de la vie est le plus élevée. Malheureusement il n’en est pas ainsi.au point de vue de la natalité. En Angleterre, il y a beaucoup plus de mariages que chez nous ; on se marie plus jeune, et il y a une moyenne de 4 enfans par mariage, tandis qu’en France cette moyenne est de 3. Voilà le véritable danger, et de toutes les causes qui ont été assignées à la décadence de notre infortuné pays, celle-là est la seule qui puisse être alléguée sérieusement. Il ne faut pas nous faire illusion, comme ces malades qui détournent la tête quand on découvre leur plaie ; non, il faut envisager le mal froidement et sans crainte pour engager une lutte acharnée, et, si Dieu le permet, pour en triompher.
La diminution du nombre des mariages est une cause certaine, mais elle ne doit avoir que peu d’efficacité ; en effet, la moyenne des mariages en France par 1,000 habitans est à peu près la même qu’en Angleterre et en Allemagne. Ce qui produit une diminution énorme dans le chiffre des naissances, c’est le peu de fécondité de ces mariages, et on reconnaît à ce déplorable résultat des causes multiples. D’abord on se marie beaucoup plus tard. Dans les classes supérieures, les hommes ne se marient guère que vers trente ans, et d’après les données de la