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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février 1876.

Les élections du sénat ont été la première et significative expression de l’opinion intime de la France, le premier signe sensible des dispositions que le pays porte à la formation des nouveaux pouvoirs publics. Elles ont évidemment trompé l’attente de ceux qui cherchaient avant tout, et à travers tout une victoire de parti ; elles n’ont répondu ni aux calculs ministériels, ni aux jactances bonapartistes, ni aux impatiences radicales. Elles ont créé tout simplement une première assemblée d’un caractère modéré, dont les élémens, assez disparates si l’on veut, ne peuvent se combiner et s’équilibrer que dans une politique de conciliation libérale et conservatrice, de sincérité constitutionnelle. Aujourd’hui il s’agit de savoir si le vote du 30 janvier qui a fait le sénat sera confirmé, modifié ou démenti par le vote du 20 février qui va faire la chambre des députés, si ces élections qui se préparent vont ouvrir une période d’ordre régulier et pacifique par l’accord de tous les pouvoirs, ou si elles vont livrer à de nouvelles crises d’incohérence le régime pour lequel M. le président de la république demandait récemment encore le bénéfice d’une loyale épreuve.

C’est la question qui s’agite dans la France entière comme à Paris, au milieu de ce tumulte de manifestes, de programmes et de réunions électorales, où les partis semblent une fois de plus se disputer le repos et l’avenir du pays. Avant huit jours, tout sera décidé, la France aura parlé. Jusqu’à ce moment, la campagne est ouverte, et vraiment elle offre une certaine variété d’incidens où tout le monde a son rôle. M. le vice-président du conseil, battu aux élections sénatoriales, croit sans doute relever sa politique par ses candidatures multiples et des âpretés d’humeur qui vont jusqu’à provoquer la démission de M. le préfet de police. Le « comité de l’union conservatrice, » présidé par M. le général Changarnier, rédige des listes variées et des bulletins à côté du