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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/710

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai 1876.

Que sortira-t-il de ces affaires d’Orient qui se déroulent dans une inquiétante obscurité ? Où en est la Turquie avec ses insurrections, ses détresses et toutes ses complications intérieures, couronnées aujourd’hui par une révolution de palais ? Quelles sont les vues, les intentions de la diplomatie, occupée à tourner sans cesse autour de cette crise orientale et à chercher des combinaisons toujours fuyantes ? C’est l’éternelle question qui renaît plus que jamais, qui a pour le moment le don d’émouvoir l’Europe et de la tenir dans une certaine attente. Il n’y a sans doute aucun danger prochain. La paix a pour garantie le désir comme l’intérêt des nations, et il faudrait, pour la compromettre, ou des préméditations qu’on ne doit pas supposer, ou des fautes qu’on tâchera probablement d’éviter ; mais enfin, on ne peut s’y méprendre, depuis quelques jours il y a des nuages à l’horizon du côté de l’Orient. De plus en plus les affaires de la Turquie se troublent et s’aggravent de façon à solliciter la prévoyance du monde. Les délibérations des gouvernemens européens, momentanément suspendues ou ralenties par l’hiver, reprennent avec le printemps une activité nouvelle ; les communications de cabinets se succèdent, et à la diplomatie vient se mêler comme un accompagnement sourd le bruit des flottes mises en mouvement vers la Méditerranée.

Ce qui reste vrai, ce qui est saisissable pour le moment, c’est qu’en présence des agitations prolongées des provinces turques et de la désorganisation croissante de l’empire ottoman, les puissances du nord se sont de nouveau réunies à Berlin pour reprendre et accentuer l’action diplomatique engagée, il y a quelques mois, à Constantinople. Les chanceliers des trois empires ont délibéré sous les auspices de l’empereur d’Allemagne et de l’empereur Alexandre de Russie. Cette fois le comte Andrassy a passé la parole au prince Gortchakof, chargé de préparer le