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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/735

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qu’il s’élève rapidement à un haut degré de richesse, ce qui, on ne saurait trop le répéter, est à beaucoup d’égards synonyme d’un haut degré de puissance pour l’état.

En même temps que la liberté du travail en général et la liberté des échanges internationaux en particulier sont des causes déterminantes de l’agrandissement de la- puissance productive de la société, elles ont une action directe sur le bien-être du grand nombre pour l’accroître. On peut s’en rendre compte de deux manières. La liberté des échanges internationaux et la liberté générale du travail, qui marche parallèlement, par cela même qu’elles multiplient considérablement la production, provoquent une demande nouvelle de bras, ce qui autorise l’ouvrier à réclamer de plus forts salaires. D’un autre côté, la production étant fort augmentée, il y a beaucoup plus de produits, c’est-à-dire de richesse ou d’élémens de bien-être à distribuer parmi les populations. Donc, pourvu que la loi donne à chacun la faculté de défendre ses intérêts, la part est accrue pour tous, pour l’ouvrier comme pour le capitaliste. C’est bien à tort que quelques personnes ont cherché à persuader aux classes ouvrières que la liberté du commerce était contraire à leurs intérêts. La vérité se trouve dans l’assertion diamétralement opposée.


II. — L’EXPERIENCE SE PRONONCE DANS LE MÊLE SABS. — EXEMPLE DE L’ANGLETERRE.

Mais nous avons hâte de passer à l’exposé des argumens de fait, sachant que le public en cette matière attache le plus grand prix aux enseignemens de l’expérience et veut de préférence la prendre pour guide. Sous ce rapport, il y a un champ d’observations et de recherches qui, par son étendue, sa diversité et ses rapports directs avec les intérêts présens et à venir des états signataires des traités, se présente naturellement comme devant fournir les observations les plus concluantes. C’est l’histoire commerciale des principaux états de l’Europe à partir de l’époque où, la paix ayant succédé aux guerres de la révolution française et du premier empire, un commerce régulier et suivi fut possible entre les uns et les autres. Peu après le retour de la paix générale, les gouvernemens se mirent en quête de la meilleure politique commerciale pour les peuples qui occupent cette importante partie du monde, afin de rendre plus profitables à chacun les relations amicales qui venaient de se renouer. C’est une période qui a duré soixante ans environ, et pendant laquelle les deux systèmes de politique commerciale en rivalité, le protectionisme et la liberté, ont prévalu l’un après l’autre. Elle fournit ainsi une excellente base d’opérations à ceux qui veulent