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Choiseul-Gouffier et, avant lui, de Nointel. A Rome même, quelle éclatante et glorieuse manifestation, quelle institution féconde que notre Académie de France ! De jeunes artistes, après avoir donné de premiers gages à la renommée, sont affranchis pendant trois ou quatre ans de toute nécessité, de toute tentation vulgaire. Ils viennent ensemble en Italie, à Rome, dans une splendide demeure, que nul de ceux qui l’ont connue n’a certainement oubliée. Cette villa Médicis, avec les riches tapisseries de sa bibliothèque, avec le vaste balcon des chambres d’où la vue s’élance par-dessus Rome jusqu’à la mer, avec l’élégante décoration de sa façade intérieure, la loggia, le bosco, les pins parasols, plus loin les prairies et les bois de la villa Borghèse, quel séjour pour les sculpteurs, les architectes, les graveurs, les peintres ! Qu’y viennent faire les musiciens ? Rome moderne leur offre-t-elle des Cimarosa ou des Rossini ? Non ; mais l’Italie, avec ses éternelles beautés, reste la patrie de tous les arts, et tous les arts se tiennent ; tous empruntent d’une même région supérieure dont l’Italie, comme la Grèce, semble demeurer voisine, leurs inspirations de grâce, de grandeur morale et de majesté. Placer à côté de cette grande institution une école savante, représentant l’esprit littéraire, occupée d’érudition, d’archéologie et d’histoire, c’est une intelligente pensée, de nature à profiter à l’une et à l’autre. Et de fait le lien nouveau d’affectueuses et utiles relations entre l’Académie de France et l’École française de Rome est bientôt devenu étroit et intime. Le directeur de l’École française est invité à donner à l’Académie une série de leçons sur l’histoire monumentale de l’antiquité classique ; les artistes voyagent avec les lettrés ; les livres, les informations, les avis réciproques se mêlent et s’échangent ; la diversité des connaissances, celle des points de départ et des buts, ne sont plus des obstacles, ce sont des occasions de lumières nouvelles. Il en doit aller de même dans le domaine particulier de l’érudition et des lettres ; là aussi les esprits gagnent à se rapprocher, à s’exciter, à se contrôler, à se régler mutuellement. Des missions isolées ne forment pas une école, et c’est une école, avec ses maximes propres, avec son but déterminé, avec la contagion de ses exemples et de sa propagande, avec ses traditions, qu’on a entendu créer. Quel est ce but et quelles sont ces maximes ? Nous essaierons de l’expliquer.

L’École française de Rome, pour tout dire d’un mot, espère qu’elle pourra, aussi bien que l’École d’Athènes, peut-être même avec une plus grande variété de moyens, apporter à notre enseignement secondaire et à notre enseignement supérieur un secours nouveau d’inspiration élevée et de sévère esprit scientifique.

Notre enseignement secondaire est fermement constitué, de manière à soutenir avec avantage, croyons-nous, la comparaison des