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L’école est établie, c’est-à-dire les salles de travail, la bibliothèque et l’appartement du directeur, au second étage du plus beau palais de Rome, du palais Farnèse, propriété du roi de Naples. Ce fut jadis la résidence de plusieurs ambassadeurs de France, c’est aujourd’hui celle de notre habile et dévoué représentant auprès du gouvernement italien, M. le marquis de Noailles. Si le premier étage est célèbre par la magnifique galerie qu’ont décorée les Carrache, le second étage commence à être visité, moins pour ses vastes salles ornées de plafonds en bois sculpté que pour la bibliothèque de l’École française de Rome. Le développement de cette bibliothèque est pour notre nouvelle fondation une question vitale. Il la faut très abondamment pourvue des livres qui représentent le mouvement philologique, les derniers progrès de l’archéologie et de l’épigraphie. Celles de Rome peuvent bien offrir, pour être consultés, les grands recueils des XVIIe et XVIIIe siècles, mais elles n’ont pas les livres modernes, les nouvelles éditions classiques, les plus récens commentaires ; la grande bibliothèque que le ministère italien vient d’organiser au Collège romain, avec les vieux fonds des jésuites, est précisément dans ce cas. Une seule collection de Rome est au courant de la science, mais uniquement pour l’archéologie : c’est celle de l’Institut prussien. L’École française aura dès janvier prochain un budget indépendant : les principales ressources devront en être dirigées vers les achats de livres. Jusqu’à ce jour, les donations du gouvernement français, de plusieurs académies étrangères, de nombreux savans, nous ont rapidement aidés ; même nous possédons déjà certains recueils qui ne sont pas autre part dans Rome, et que les Italiens s’empressent de venir consulter. Il est souhaitable que nous voyions s’accomplir de ce côté un progrès rapide, auquel est certainement attachée la destinée de l’École, car on ne la jugera définitivement que sur ses travaux ; elle s’apprête, nous allons le voir, à en publier déjà de considérables.


II

Chacun des membres de l’École, à quelque titre qu’il ait été nommé, doit envoyer du 1er au 10 juin suivant un mémoire destiné à être jugé par l’Institut. Telle est la date fixée par le décret du 20 novembre ; mais peut-être le délai n’est-il pas suffisant. Le travail en effet ne commence guère qu’en janvier, les nominations des divers membres ne pouvant être faites qu’en octobre au plus tôt, à la suite des divers concours placés nécessairement après la clôture de l’année classique. Nommés en octobre, ils veulent, plusieurs d’entre eux, se munir à la hâte de certaines notions spéciales,