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l’autorité de leur métropolitain, et il mettait, ou plutôt il laissait les Serbes, « dans les affaires qui ne concernaient point la foi, » sous la dépendance des autorités impériales, royales et provinciales. La députation aulique devait connaître des questions religieuses et des affaires relatives aux privilèges ; mais ces dispositions, ces privilèges étaient ipso facto abolis. Bien qu’ils n’eussent pas été observés en fait, le peuple serbe voyait dans cette antique promesse, plusieurs fois renouvelée, la garantie de ses franchises. Le nouveau métropolitain étant mort en 1773, le congrès de 1774 adressa à Vienne une pétition dans laquelle il protestait contre les dispositions restrictives du règlement de 1770. Marie-Thérèse en tint compte dans une certaine mesure ; en outre, elle enleva à tous les évêques catholiques de Hongrie, sauf au primat, la dignité de föispan ou comes supremus des comitats, dont ils usaient pour le plus grand bien de leur église ; cette mesure améliorait la situation des protestans et des schismatiques. L’impératrice-reine donnait à la même époque au petit groupe de Serbes établi à Velika-Kikinda une administration autonome ; mais, deux ans plus tard, les Magyars obtenaient de la cour de Vienne deux concessions importantes : ils faisaient supprimer en 1776 le poste de l’agent, sorte de chargé d’affaires que les Serbes avaient jusque-là entretenu à Vienne. La perte de cet agent, qui recevait ses instructions du patriarche, et dont les dépenses étaient défrayées par la nation serbe, donnait comme une consécration officielle à l’autonomie que s’attribuaient les Serbes. Enfin, l’année suivante, la députation aulique était supprimée et ses attributions transportées à la chancellerie hongroise. Le règlement ecclésiastique de 1770 avait été en partie abrogé par Marie-Thérèse ; il devait être remplacé par un règlement définitif. A la suite de négociations entre le synode des évêques serbes, le métropolitain, la cour de Vienne, la chancellerie hongroise, la chancellerie autrichienne et le conseil de guerre de la cour, fut enfin promulgué en date du 10 juillet 1779, sous le nom de Prescriptum declaratorium, le règlement sur l’organisation et la discipline de l’église orientale de Hongrie et sur ses rapports avec l’état. C’est celui qui a régi la matière jusqu’à ce jour.

Déjà Marie-Thérèse avait essayé d’introduire l’unité dans son royaume par la centralisation et la germanisation. Son fils Joseph II, qui lui succéda en 1780, imbu de ces idées à un plus haut degré, résolut de les formuler en système. Il voulait faire de la langue allemande la langue de tous ses sujets et il croyait qu’il pouvait la leur imposer par décret. Un an après avoir promulgué son fameux édit de tolérance dont profitaient également tous les cultes non-catholiques, il décrétait (le 4 mai 1783) que a dans un délai de trois ans, à compter de ce jour, tous les fonctionnaires du royaume