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L'ENSEIGNEMENT
ET
L'AGRICULTURE EN FRANCE
ET L'INSTITUT AGRONOMIQUE

L’enseignement de l’agriculture en France n’est point encore sorti de la période incertaine des commencemens. Aujourd’hui même il est à peine organisé, et fort loin d’être ce qu’il est depuis longtemps chez certains peuples voisins, ce qu’il importerait qu’il fût en un pays où l’agriculture est la principale branche du travail national et de la fortune publique, Voici cependant près d’un siècle que les esprits éclairés et soucieux des intérêts agricoles réclament un système d’enseignement large et complet ; ils n’ont reçu jusqu’à ce jour que des satisfactions partielles ou éphémères. L’institut de Versailles n’a fait que passer, et il aura fallu vingt-quatre ans pour le rétablir à Paris dans des conditions certainement inférieures à ce qu’il fut dès l’abord. Quant aux écoles régionales et aux fermes-écoles, on n’en a point su tirer les fruits qu’il était permis d’en attendre, faute de cet enseignement supérieur qui en doit être le couronnement ou plutôt la base, faute surtout d’une impulsion libérale et suivie. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est point parce qu’il est récent que notre enseignement agricole est si faible : il est bien vrai qu’on s’est mis tard, trop tard à l’œuvre ; mais ce qui a été plus funeste, c’est que, l’œuvre commencée, on y a travaillé sans goût, sans ardeur, sans conviction, sans générosité. On se plaint que l’agriculture progresse si lentement, suive de si loin l’essor merveilleux de l’industrie. La cause en est bien simple : l’industrie a été fécondée et émancipée par la science ; l’agriculture ne